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    Straight Outta Compton : que musique soit faite !

    traight outta compton poster

    N.W.A – Straight Outta Compton

    de F. Gary Gray

    Biopic, Drame

    Avec O’Shea Jackson Jr., Corey Hawkins, Jason Mitchell

    Sorti le 16 septembre 2015

    Straight outta compton suit, sur de nombreuses années, la création et le parcours des membres de NWA (composé d’Eazy E, Dr Dre, DJ Yella, Ice Cube et d’MC Ren). Ce groupe de rap américain a beaucoup joué dans la popularisation du gangsta rap à la fin des années 80. Le genre n’en était qu’à ses balbutiements.

    F. Gary Gray, le réalisateur, n’en est pas à sa première rencontre avec ce style musical. Ayant œuvré dans les clips, il a notamment réalisé celui du morceau It was a good day d’Ice Cube. Le rappeur retrouvera le réalisateur pour son premier long-métrage, Friday, qu’il a lui-même co-écrit.

    C’est donc sans surprise que la musique revêt un rôle important dans Straight outta compton. Mieux, elle est souvent mise en parallèle avec le contexte historique troublé de l’époque. Le morceau Fuck tha police entre ainsi en résonance avec les émeutes suivant l’acquittement des policiers ayant passé Rodney King à tabac. Ce qui vaut au film l’une de ses scènes les plus impressionnantes. Néanmoins, le scénario  ne se concentre pas uniquement sur les morceaux du groupe, ni sur leur création.

    Si l’on a bien droit à quelques scènes de studio, une grande partie du métrage s’attarde sur la réussite de NWA. Et sur ce qui s’ensuit. C’est là que le film, qui s’adresse à n’en pas douter aux fans, parvient à toucher un public plus large. Sa longue durée ne constitue en aucun cas un handicap, grâce à un rythme maîtrisé. Elle permet au contraire de s’intéresser aux personnes derrière les artistes, et ainsi d’aborder des thèmes universels. En effet, la course au succès et l’ascension sociale qui en résulte sont des sujets classiques. Comme le sont l’amitié, la trahison et l’émancipation. Cependant, ils sont ici traités avec justesse et honnêteté, soutenus par une mise en scène immersive qui s’attache au plus près à chaque membre du groupe.

    À ce titre, F. Gary Gray réussit là où il avait partiellement échoué dans Law abiding citizen, son précédant long-métrage. Dans ce dernier, le personnage de Gérard Butler apparaissait de prime abord digne d’intérêt. Son côté sombre détonnait des standards habituels, tout en n’empêchant pas un semblant d’empathie. Néanmoins, le final grandiloquent lui faisait perdre toute consistance, en le transformant en méchant classique de film de genre. Heureusement, les personnages principaux de Straight outta compton sont bien plus nuancés.

    Le film n’est pas forcément des plus objectifs avec tous ses protagonistes. Suge Knight passe ainsi ouvertement pour un psychopathe, tandis que les mauvaises actions des membres de NWA sont souvent contrebalancées (comme Ice Cube qui détruit le bureau d’un producteur, puis lui en offre une version améliorée). Néanmoins, le fait qu’ils soient présentés sous des jours parfois peu flatteurs les rend moins lisses que prévu. Au point qu’ils ressemblent parfois à des gamins irresponsables, inconscients de leurs actes. Loin d’en faire des êtres détestables, cela les humanise et les rends au contraire rapidement attachants. Ce qui accentue le côté « passage à l’âge adulte » du long-métrage, et permet de pardonner facilement le pathos un peu forcé des dernières scènes.

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