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    Sprakeloos, une ode à la mère

    Sprakeloos

    (La langue de ma mère)

    d’Hilde Van Mieghem

    Drame

    Avec Viviane De Muynck, Stany Crets, Rik Van Uffelen

    Sorti le 15 mars 2017

    Adapté du roman à succès éponyme de l’écrivain Tom Lanoye, le nouveau film d’Hilde Van Mieghem dresse le portrait bouleversant d’une mère jadis flamboyante dont la langue se meurt, devient décrépitude.

    Suite à une attaque cérébrale qui l’a déconnectée du monde, Josée, la mère d’un écrivain a perdu son bien le plus précieux, la langue. Elle tente malgré tout de communiquer avec les siens dans une sorte de bouillie de langage mais finira, au fil du temps, par sombrer dans le mutisme. Au cours de la même période, son fils écrivain vit une période difficile. Il n’arrive pas à respecter les délais de la remise de son nouveau roman, perturbé par ses problèmes familiaux. L’accident cérébral de sa mère sert, d’une certaine manière, de sésame pour revisiter sa jeunesse colorée aux côtés d’une mère au caractère bien trempé, à la verve joyeuse, dans un quartier populaire de Saint-Nicolas près d’Anvers. Mais le déclin de celle-ci fait également basculer ses certitudes et provoque des questionnements sur sa propre vie et sur ses priorités littéraires.

    Il n’est jamais aisé d’adapter un roman très populaire à l’écran, d’en rendre toute la richesse, d’en saisir toutes les nuances et tonalités dans un temps condensé. A fortiori quand le roman brasse une foultitude de personnages hauts en couleur autour d’une boucherie dans une Flandre traditionnelle vue à travers les yeux d’une mère. Mais les choix opérés par Hilde Van Mieghem ont été pertinents. La réalisatrice flamande s’est essentiellement attachée à mettre en lumière la relation mère-fils. D’elle à lui, le film alterne les allers-retours dans le temps. Il revient sur l’enfance de l’écrivain et sur ses rapports filiaux parfois houleux (la mort tragique de son frère aîné, l’annonce de son homosexualité) sans oublier la confrontation avec le présent. Dans l’accompagnement en fin de vie de sa mère, le fils vit une expérience troublante et difficile. Il cherche à épargner la souffrance psychologique de celle-ci tout en vivant sa propre douleur face à la mort prochaine.

    Sans sombrer dans le mélodrame, ce film à petit budget offre des personnages pleins d’humanité filmés très souvent en gros plans, sans user d’artifices tout en rendant bien le grain de l’époque. Tout le casting est remarquable. Le personnage de la mère est juste et touchant, il se joue en deux temps avec Viviane De Muynck en aphasique et Marie Vinck (fille de la réalisatrice du film) en femme mariée à un boucher et jeune comédienne dans une troupe d’amateurs. Le fils écrivain troublé par le passé qui refait surface et par le présent qui offre plein d’incertitudes est endossé avec force et talent par Stany Crets.

    Si le film est sensiblement différent du roman dans l’agencement de certains éléments narratifs, il en garde l’esprit dans sa manière de raconter les épisodes tragi-comiques de la vie de Tom Lanoye. Et par son thème universel, l’accompagnement d’un proche en fin de vie, la langue de ma mère fera sans doute écho en bon nombre d’entre nous.

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