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    Spock’s Beard : The Oblivion Particle

    Il arrive quelques fois qu’un album demande une attention particulière pour être réellement apprécié. Parfois, le moment choisi pour écouter un disque, les conditions ou simplement notre humeur font que l’on peut être insensible à certaines œuvres un jour et totalement sous le charme le lendemain.

    C’est ce qui m’est arrivé avec The Oblivion Particle, le douzième album du groupe légendaire Spock’s Beard. A la première écoute, je fus perdu. L’atmosphère était particulière, les mélodies très différentes de ce que SB avait proposé. Il faut dire que leur dernier album (Brief Nocturnes and Dreamless Sleep) avait vraiment laissé une excellente impression.

    Après l’arrivée de Ted Leonard (Enchant), multi-instrumentaliste et chanteur de talent, le groupe avait visiblement misé sur la bonne personne pour remplacer Nick D’Virgillo, parti au Cirque du Soleil.

    Ted avait également brillé sur la tournée KaLIVEoscope de Transatlantic que vous pouvez retrouver à présent sur disque.

    Il apparaissait donc logique de poursuivre l’aventure avec lui pour ce nouvel album.

    Photo taken  in Altadena on 03/11/15.

    Mais justement, en écoutant ce disque, on remarque que le groupe aime prendre des risques et ne se contente pas de reproduire quelque chose de similaire à ses succès passés.

    Certes, il y a certains éléments communs comme l’intro du premier morceau (Tides of time) assez typique du groupe. Mais on découvre vite que ce disque est différent de par ses atmosphères et des mélodies résolument différentes de ce à quoi on s’attend du groupe.

    On va ici tantôt vers quelque chose de plus orienté jazz-fusion, tantôt plus pop. Le progressif a cet avantage de pouvoir permettre aux groupes de prendre des directions parfois opposées et de mêler les genre sans aucun complexe. Ted Leonard est toujours aussi brillant. Mais le reste du groupe continue à se distinguer vocalement (écoutez Minion pour vous en apercevoir) et on peut donc se ravir d’avance de leurs futures prestations live qui réservent de très bons moments.

    Alan Morse a toujours l’art de servir des solos déjantés à la hauteur de cette folie douce qui anime le groupe et a étendu sa gamme d’instruments en utilisant de l’autoharp, du sitar électrique ou encore de la mandoline sur certains morceaux.

    Jimmy Keegan, quant à lui, fournit ici une rythmique très variée et extrêmement bien maîtrisée. Dave Meros a toujours l’art de poser des lignes de basses subtiles et s’est donné beaucoup de plaisir dans les parties plus jazzy de l’album. Il y a aussi un beau travail sur le son. Bien entendu Rich Mouser n’y est pas étranger. Mais le groupe a aussi essayé de mettre l’accent sur certaines ambiances.

    Ainsi, Ryo a su se réinventer ici avec des sons de claviers parfois un peu retro (Get out while you can) et des envolées au piano (To be free again). Le groupe a aussi joué sur les intonations tout au long des morceaux en proposant des guitares tantôt dures, tantôt légères comme dans Minion. Il y a aussi un beau travail sur les parties acoustiques (Hell’s not enough).

    Curieusement, le groupe a choisi un titre assez pop (Bennett built a time machine) pour son premier single. Chose surprenante et néanmoins agréable, c’est Jimmy Keegan qui chante principalement sur ce titre. Ce n’est pas que le morceau soit mauvais, mais A better way to fly qui le suit est nettement plus pertinent et mystérieux.

    The center line marque un retour au Spock’s Beard que l’on connait et plaira aux anciens fans. Mais lorsqu’on passe à To be free again, on retrouve quelque chose qui mêle puissance et légèreté avec des atmosphère très variées et une douceur accentuée par la voix de Ted Leonard qui apporte une fois de plus une plus-value à ce groupe dont la réputation n’est plus à faire.

    L’album se conclut avec Disappear, une chanson superbe menée par des cœurs tout du long et qui se réveille à 2 minutes 30 avec une partie des plus pêchues digne des meilleurs Spock’s Beard. Notons aussi la présence du légendaire musicien de Kansas, David Ragsdale qui joue du violon .

    Au final, The oblivion particle est un album qui devient rapidement addictif à chaque écoute et dont on ne se lasse pas.

    Riche à souhait et très subtile, ce disque montre que le temps n’a pas d’emprise sur ceux qui ont du talent.

    Un album qui restera sans aucun doute très particulier dans la discographie très fournie de ce groupe devenu incontournable.

    Ne ratez pas le passage de Spock’s Beard au Spirit of 66 ce mercredi 16 septembre! 

    Christophe Pauly
    Christophe Pauly
    Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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