Spit’n Split
de Jérôme Vandewattyne
Documenteur
Avec The Experimental Tropic Blues Band, Bouli Lanners
Sorti le 20 septembre 2017
Jérôme Vandewattyne est ce que l’on peut appeler, un enfant du BIFFF, le festival de cinéma fantastique de Bruxelles. C’est d’ailleurs pour ce festival qu’il commencera à tenir une caméra. Les plus acharnés de ce festival se souviendront de She’s a slut, fausse bande annonce bourrée d’humour ou de Slutterball, court-métrage très (trop ?) coloré, réalisé pour le Collectifff (plusieurs courts-métrages réalisés par de jeunes réalisateurs du genre).
Si une suite logique était bien entendu un long métrage, c’est pourtant un peu par hasard que Vandewattyne s’y frotte. Après avoir travaillé avec le groupe de rock belge The Experimental Tropic Blues Band sur leur projet The Belgians (album consacré exclusivement à la Belgique accompagné de projections d’images 100% belges pendant les concerts), c’est le coup de foudre artistique. Le réalisateur se prend alors à les suivre en tournée et de filmer, avec leur complicité, les coulisses du road trip.
Spit’N’Split, c’est tout à fait ça : l’ambiance d’un groupe de rock sur les routes et dans leur vie. Les plans foireux, la recherche des cachets parfois inexistants, l’attente parsemée d’alcool et de drogues, la difficulté de cohabiter si longtemps avec les mêmes personnes et les conséquences de cette vie dissolue.
Si le film ressemble à un documentaire pris sur le vif, il ne faut pas se laisser berner, Vandewattyne joue avec notre esprit critique, pousse le spectateur dans ses retranchements et l’oblige à se poser des questions sur ce qu’il voit. Car oui, la fiction et la réalité sont mélangées, le réalisateur puise dans le vrai pour créer le faux.
Le point fort du film est justement là, sur cette frontière fragile entre le réel et l’imaginaire, un peu comme un C’est arrivé près de chez vous musical ou un Strip-Tease cinématographique. Combiné à l’investissement artistique extrême des The Experimental Tropic Blues Band, au montage survitaminé et au talent du cinéaste pour tromper son monde, Spit’N’Split est une pépite sortie de nulle part.
Malheureusement, toute pépite a ses défauts. C’est quand la fiction est trop évidente, que le film perd une partie de son charme. Une scène cradingue chez Rémi (un habitué étrange du BIFFF, sorte de Divine – du film Pink Flamingos de John Waters – belge) qui tombe un peu comme un cheveu dans la soupe ; une scène surjouée, dans un bar, où apparait un Bouli Lanners en taulier, flingue à la main ; ou encore la toute fin, sorte de trip psychédélique dans les bois qui jure un peu trop avec les deux premiers tiers géniaux du film.
En conclusion, n’hésitez pas trop à embarquer dans ce road trip cradingue et halluciné. Malgré quelques défauts ou quelques partis pris que tout le monde ne partagera pas, Spit’N’Split est un véritable OFNI dans le paysage cinématographique à découvrir de toute urgence. Ambiance musicale survoltée garantie et baby bambou à volonté.
Dates :
Le 15 septembre au Cinéma Sauvenière à Liège
Le 12 octobre au Quai 10 à Charleroi
Le 26 octobre au Cinéma Caméo à Namur
En avant-première, le 19 septembre au Cinéma Aventure à Bruxelles
Dès le 20 septembre en salle au Cinéma Aventure à Bruxelles