Spider-Man : New Generation
de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman
Animation, action
Avec Shameik Moore, Jake Johnson, Hailee Steinfeld, Mahershala Ali, Nicolas Cage
Sorti le 19 décembre 2018
À l’ère ou le Marvel Cinematic Universe a définitivement assis son hégémonie sur le genre du film de super-héros, et après le dispensable Spider-man : Homecoming ainsi que l’assommant Avengers : Infinity War, il est assez réjouissant de constater que l’hydre Marvel – en l’occurrence par l’intermédiaire de Sony – puisse encore proposer des projets parallèles et originaux, qui ne rentrent pas a proprement parler dans un univers ouaté et prédéfini. Le film d’animation Spider-man : New Generation, produit par le tandem Christopher Miller et Phil Lord (The Lego Movie) et coscénarisé par ce dernier, apporte en effet un certain vent de fraicheur dans une déferlante de films de plus en plus plombants et interminables, qui semblent avoir oublié leur dimension ludique.
Dans un New York ou Spider-Man, alias Peter Parker, est déjà un héros renommé, et alors que le méchant Kingpin est en train de tester une nouvelle arme secrète qui lui permettra de faire communiquer des univers parallèles, le jeune Miles Morales se fait piquer par une araignée radioactive et hérite des mêmes pouvoirs que le fameux homme-araignée. Tandis que Miles se demande comment dompter ses nouvelles capacités et quelle place se faire dans un monde qui a déjà son Spider-Man, voici que les plans du Kingpin vont tout chambouler, permettant à plusieurs « spider-men », « spider-women », voire même « spider-pig », de cohabiter.
Avec ce concept de réalités parallèles et de « Spider-Verse », c’est à une véritable réflexion méta que se livre ce Spider-Man : New Generation, puisqu’il se permet de faire référence à la multiplicité des différentes versions de Spider-Man, à travers les comics, les adaptations filmiques ou animées, etc. Il est ainsi le premier film de super-héros à intégrer pleinement cette donnée de la culture « comics » : la dimension inépuisable des héros, clonés à foison par des récits, des auteurs et des médias distincts qui reprennent à chaque fois les caractéristiques principales d’un personnage pour le faire évoluer dans des contextes distincts, ou avec des variations parfois infimes.
Grâce au médium de l’animation, la cohabitation à l’image de plusieurs « spider-men » se double aussi d’une cohabitation des styles audiovisuels puisque se côtoient notamment un Spider-Man de Film Noir – en noir et blanc donc – et pourfendeur de Nazis, un « spider-bot » de mangas accompagné de sa petite écolière tokyoïte et un Spider-Pig tout droit sorti de cartoons façon Looney Tunes. Loin de faire de cette trouvaille scénaristique un gadget, le film l’utilise et l’exploite en profondeur, en en faisant même le principal ressort dramatique d’un récit par ailleurs diablement efficace et divertissant.