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    Simian Ghost, nouvel album The Veil

    Tombez sous le charme d’une belle rêverie musicale : la pop des suédois Simian Ghost, avec leur troisième album The Veil. Entre songwriting lumineux et mélodies romantiques, Simian Ghost impose sa mélancolie aérienne et la richesse de ses arrangements. Simian Ghost soigne la France avec pour l’édition française de The Veil un titre bonus Echoes in Your Heart que l’on découvre en vidéo.

     

    Le premier album Infinite Traffic Everywhere en 2011, né sous l’impulsion solo de son créateur Sebastian Arnström, puis le second Youth en 2012, élaboré en compagnie d’Erik Klinga et Mathias Zachrisson, avaient révélé à l’étranger la richesse et l’envergure de SIMIAN GHOST et son songwriting érudit, une oreille dans le futur et un œil sur le rétroviseur de l’histoire de la musique.

    Derrière les apparences légères d’une pop éthérée, leur nouvel album The Veil, le tout premier à sortir en France, cache plusieurs degrés de lecture mais c’est avant tout un magnifique projet empli de mélodies élaborées et d’harmonies enchanteresses qui comblera les amateurs de la scène indie contemporaine.

    Si le talent suédois pour l’écriture de chansons pop n’est pas un mythe, la Suède bénéficie actuellement de la fraîcheur d’une dynamique culturelle scandinave. Ainsi Stockholm, où apparaissent les styles et les tendances, se mue en un des hubs principaux du développement des courants musicaux de demain. Ses artistes assurent légitimement en chantant en anglais des textes riches, au sens poétique recherché, qui nourrissent le genre avec un talent à faire rougir les champions anglo-saxons.

    The Veil s’inscrit bien dans cet élan, même si il a pris son temps. Alors que son prédécesseur avait été composé pendant les mois d’été, entre deux baignades dans les immenses lacs nordiques, ce nouveau disque a su, lui, se faire attendre. Le groupe s’est isolé pour l’occasion dans une cave de fortune, équipée d’une paire de micros et d’une multitude d’instruments. Arrivés à la neuvième chanson, les garçons relèvent la tête, avant de décider de changer de direction : les artifices et les boucles électro disparaissent permettant aux laborantins de se concentrer sur l’essence des morceaux et le songwriting pur !

    Parmi leurs multiples influences, sont cités le génial Brian Wilson, les compositeurs Gershwin et Debussy, la scène indie américaine des années 80/90 avec notamment Yo La Tengo et The Flaming Lips mais aussi les courants musicaux ambient, noise, et quelques douceurs funk & soul des seventies. Le résultat est digne du meilleur de la crème contemporaine, on pense ainsi à Grizzly Bear avec les magnifiques harmonies vocales de « Float », à Phoenix et Tahiti 80 avec le groove froid de « Never Really Knew », aux islandais de Sigur Rós avec les mélodies éthérées de « Endless Chord » ou encore à Bon Iver avec la folk épurée mais intimiste d’ »August Sun« .

    Le titre Echoes of Songs est lui-même un hommage dans le fond et dans la forme à Trish Keenan, la chanteuse de Broadcast (Warp) décédée en 2011. Sebastian précise :«Broadcast était un groupe que nous aimions tous et que nous avons suivi pendant des années. Depuis l’annonce du décès de Trish nous voulions lui rendre hommage. Pendant les sessions de The Veil, une idée de chanson est revenue et on trouvait que ça ressemblait un peu à du Broadcast alors j’ai écrit un humble hommage à leur musique et à sa façon d’écrire.»

    SIMIAN GHOST signe avec The Veil une belle bande originale pop à la mélancolie douce et envoûtante, à l’image de ces grands espaces aperçus dans le clip du premier single « Never Really Knew’’. La vidéo tournée en Islande par le réalisateur Dan Huiting (Bon Iver, Pitchfork, Mpls.tv… danhuiting.com), donne quelques indices sur la dichotomie qui hante SIMIAN GHOST, entre les minauderies toutes en délicatesse et un côté plus torturé, et énergique, comme ce twist cruel qui ne manque pas de punch.

    Moins insouciant qu’il n’y paraît, The Veil aborde des thèmes profonds tels que la dépossession de soi ou le manque d’affinités avec les idéaux d’une société post internet dont les liens collectifs se dilatent, le tout saupoudré de références allant d’Aristote à la mécanique quantique. Ce qui n’empêche pas le groupe d’évoquer plus spontanément l’amour, dans des chansons plus aériennes, ou de conserver un certain sens de la dérision : «On a assez conscience de ce que l’on fait, on aime bien triturer les genres musicaux et explorer leurs limites. On aime trouver l’équilibre entre la simplicité et l’alambiqué, entre l’ironie et le sérieux absolu. Un peu comme Buffy Contre Les Vampires».

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