auteur : Hugh Howey
édition : Actes Sud
sortie : octobre 2017
genre : science-fiction
En 2011, l’américain Hugh Howey publie sur Amazon, à compte d’auteur, une nouvelle de science-fiction sur un monde post-apocalyptique dans lequel les survivants de l’humanité vivent sous terre, dans un silo, et ne voient plus le monde extérieur qu’à travers un écran leur diffusant des images de désolation laissant peu de place à l’espoir.
Face au succès surprise de ce récit mettant en scène le Shérif Holston, décidé à découvrir par lui-même ce qui se trouve à l’extérieur du silo, l’auteur décide de publier quatre autres épisodes, auréolés du même succès. Ces cinq épisodes seront ensuite réunis en un seul roman, Silo, qui est aujourd’hui à nouveau publié par Actes Sud, accompagné de sa préquelle (Silo Origines) et de sa suite (Silo Générations), dans un intégral aussi massif qu’impressionnant.
Si la lecture d’une telle trilogie, dans son intégralité et dans un même élan, permet de s’immerger pleinement dans un univers dystopique créé de toutes pièces, et parfaitement cohérent, la mise en rapport des trois tomes crée aussi, presque inévitablement, une certaine chute de régime d’un épisode à l’autre, où provoque éventuellement des déceptions quand au développement où non d’une situation ou d’un personnage esquissé dans un épisode, et dont on attend parfois en vain le passage à un autre niveau narratif.
Mais Silo – L’intégrale atteint tout de même une ampleur assez notable dans sa catégorie et dans le type de littérature où il s’inscrit. L’une des grandes caractéristiques du récit, et de la manière dont les trois tomes se répondent entre eux, réside dans le fait que l’auteur dissémine régulièrement des fausses pistes quant à l’identité des personnages. Ainsi, alors que l’on peut être déçu de ne retrouver aucun personnage mémorable du premier au deuxième tome, la lecture révèlera, au fur et à mesure, que les apparences sont trompeuses, et qu’un personnage peut en cacher un autre. Cette stratégie atteint son paroxysme avec le personnage de Donald, anti-héros de Silo Origines, qui change trois fois d’identité du second au troisième volume.
Ce sont incontestablement les personnages qui emportent le morceau dans les trois Silo. Et si l’ensemble de la trilogie met en exergue l’un d’entre eux comme pierre angulaire – celui de Juliette Nichols, commun au premier et au troisième tome –, ce sont parfois des personnages plus secondaires, voire furtifs, qui restent le plus en mémoire. À cet égard, le premier Silo est particulièrement frustrant, dans sa manière de faire défiler, dans un premier temps, une série de potentiels héros, successivement sacrifiés au profit de la surprise et du rebondissement. Cette manière de jouer avec les protagonistes et avec les lecteurs aurait pu être un risque, mais s’avère au final très payant pour Hugh Howey, habile narrateur s’il en est.