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    Sicario : La Guerre des Cartels, retour au film d’action décomplexé

    Sicario : La Guerre des Cartels

    de Stefano Sollima

    Thriller, action

    Avec Benicio Del Toro, Josh Brolin, Isabela Moner, Catherine Keener, Jeffrey Donovan

    Sorti le 4 juillet 2018

    Après qu’un lien ait été établi entre les cartels mexicains et des attaques terroristes dont les armes auraient été fournies par ces-dits cartels, le gouvernement américain donne officieusement le feu vert à l’agent Matt Graver pour déclencher en sous-main une guerre des cartels, afin de faciliter leur démantèlement. Pour cette tâche ardue, Graver fait une nouvelle fois appel à Alejandro, ancien avocat reconverti en mercenaire assoiffé de vengeance après le double assassinat de sa femme et de sa fille. L’une des tâches d’Alejandro est d’enlever la fille d’un des chefs de cartels, afin de faire accuser le gang opposé.

    Trois ans après le premier Sicario, réalisé par Denis Villeneuve, cette suite, toujours scénarisée par Taylor Sheridan, en reprend les grandes lignes thématiques et narratives, en ôtant cependant une grande partie de la dimension immersive, amenée dans le premier par le regard « innocent » d’une bleue (Emily Blunt), témoin passif des magouilles et autres méfaits de Graver et Alejandro pour arriver à leurs fins. Plus besoin de cela ici, puisque l’on suppose que le spectateur du « deux » a vu le « un », donc que son regard n’est plus si innocent que ça.

    Cette suite est donc exempte du point de vue moral sur l’action, apporté par le personnage d’Emily Blunt, et qui empêchait le premier film d’assumer pleinement un statut de film d’action total, sans complexes, pour lui apporter une dimension plus « auteur », appuyée par la mise en scène ostentatoirement « maîtrisée » de Denis Villeneuve. L’acceptation du potentiel « bourrin » d’un tel film, de son allure de film d’action décomplexé fait de poursuites, de meurtres et de trahisons en tout genre, rend in fine ce second opus plus sympathique, moins hypocrite, que celui qu’il suit.

    Dans un rôle qui, dans une autre configuration de production, aurait pu être tenu par Stallone ou Van Damme, Benicio Del Toro rempli le contrat du héros d’action cabossé par la vie, éternel survivant et aux fêlures toujours apparentes derrière une carapace de gros dur. Ce qu’est définitivement devenu Sicario avec cette suite embrasse pleinement cette logique de série B décomplexée, et c’est ce qui rend au final les deux « épisodes » largement regardables, maintenant qu’ils sont définitivement débarrassés d’une aura de film d’auteur qui aurait été mensongère.

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