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    Seuls en exil, l’enfer des coups, le paradis de l’indifférence

    Scénario : Yrgane Ramon
    Dessin : JP Kalonji
    Éditions : Helvetiq
    Sortie : 25 octobre 2022
    Genre : Roman graphique

    Le roman graphique Seuls en exil raconte le destin de 3 jeunes garçons fuyant leur pays d’origine pour arriver à Genève, en Suisse. Si la fuite n’a pas été facile, leur arrivée sur cette terre d’accueil, enfermés dans des centres surpeuplés et mal gérés, n’est pas aisée. Loin du paradis qu’ils imaginaient… C’est ce que racontent les dessinateurs Menor, Ramon et Kalonji.

    Kocholo, Sebemalet et Ehsan sont réunis dans cette BD autour d’une coupe de cheveux qui termine mal. Provenant d’Afghanistan, d’Iran et d’Érythrée, ils pensaient être arrivés au bout du chemin. Pourtant, les coups (des agents de sécurité, ici), mentaux comme physiques, continuent de pleuvoir, de manière arbitraire.

    Trois parcours

    Les 3 illustrateurs vont raconter leur parcours, ni plus ni moins, dans trois court-récits qui se recoupent via cette scène précise. Les protagonistes, réfugiés mineurs non accompagnés (RMNA), se souviennent de leur enfance, souvent placée sous le signe du travail ou/et de la violence, puis décrivent le calvaire pour arriver en Europe. Les mots sont simples, entremêlés des difficultés administratives à Genève, des problèmes d’ordre différent qu’ils rencontrent en Europe. Dans tous ces récits, l’horreur se partage toujours avec une aide « tombée du ciel », bienvenue, d’hommes et de femmes qui leur ont permis de continuer, contrairement à leurs amis morts sur le chemin.

    Un style destiné à un jeune public

    Le style des auteurs, bien que différent, et plutôt destiné à un jeune public (en particulier les dernières planches, celles de Kalonji) se rejoint dans cette volonté graphique de recréer cette dimension vaporeuse du cauchemar. Ils se mettent à la disposition de leurs héros. Ceux-ci sont pris dans une histoire aux arrière-plan souvent flous, aux détails nébuleux. Nous sommes dans la peau d’enfants, de petits garçons qui regardent le monde avec souvent peu d’espoir. La palette de couleurs utilisée est froide, noire. L’obscurité du regard dépeint par Ramon, dont le graphisme rappelle les dessins animés numériques façon Pixar, est tellement sombre que nous devons plisser les yeux pour y voir, observer la part d’ombre de l’humanité.

    C’est un geste volontiers politique qui est mis en scène dans Seuls en exil: une nécessité de mettre en images la vie et l’histoire de jeunes avec des prénoms, et non des statistiques, comme l’affirme Christel Moretto, de l’Association Carouge Illustration, à la fin du roman graphique. Rien n’est facilité pour ces adolescents qui décrivent l’enfer des coups, et le paradis des smartphones et de l’indifférence. Pourtant, malgré la noirceur et la réalité des faits, les gestes d’aide sortis de nulle part ou de personnes proches de leur réalité, dans leur fuite vers un monde meilleur, leur permettent d’y continuer d’y croire.

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