auteur: Jon Sealy
édition: Albin Michel
sortie: mars 2017
genre: polar
Caroline du Sud dans les années 30. Des coups de feux résonnent devant une ancienne auberge métamorphosée en bar clandestin : deux hommes ont été froidement abattus. Le vieux shérif Furman Chambers est tiré de son sommeil et se retrouve rapidement sur les lieux. L’enquête a à peine commencé que déjà un nom résonne sur toutes les lèvres : Mary Jane Hopewell, un habitué et vétéran de la grande guerre qui trempe souvent dans des affaires louches. Mais est-il vraiment responsable ? En avançant dans son enquête Chambers, plus vif que ne le laisse supposer les apparences, va découvrir la face obscure de la prohibition.
Acclamé par la critique, Un seul parmi les vivants a fait de son auteur l’un des nouveaux écrivains à suivre. Tel un Steinbeck des temps modernes Sealy dépeint une Amérique désertique et sombre qui vit au rythme d’un vieux rocking chair fatigué. Ce roman fleuve d’une lenteur naturaliste s’organise avant tout autour des relations complexes qu’entretiennent les différents protagonistes. Parfois au détriment de l’intrigue, Un seul parmi les vivants dévoile avant tout des personnages haut en couleur dans la pure lignée du roman social. Le temps accordé à leur construction et à leur réalisme se dévoile au fur et à mesure de la lecture. On suit tour à tour les parcours sinueux de deux jeunes frères que la crise a fait grandir trop vite, d’un ancien fermier qui n’a plus rien à perdre, d’un couple dans la tourmente, d’un flic trop vieux mais intègre, d’une veuve esseulée mais pas éplorée, d’un suspect trop évident pour être coupable…Et de beaucoup d’autres ! Tant de personnalités attachantes (qu’elles soient bonnes ou mauvaises) offrent à elles seules la texture à cette narration minutieuse et immersive.
L’enquête criminelle n’est qu’un prétexte à une représentation réaliste et sombre de l’Amérique au temps de la dépression. Par son biais, Sealy aborde les conditions de travail déplorables durant la crise, les stigmates de la grande guerre, les amours naissants et vieillissants, … Le regard qu’il porte sur le monde d’antan nous permet de mettre en perspective notre propre actualité. Brillant !