Le serpent aux mille coupures
d’Eric Valette
Thriller
Avec Tomer Sisley, Terence Yin, Pascal Greggory, Stéphane Debac, Clémence Brétécher
Sorti le 12 avril 2017
Poursuivi par la police, ainsi que par un tueur sadique au service d’un cartel colombien, un homme blessé se réfugie dans la ferme d’un couple persécuté par des voisins racistes. La situation ne pourra que s’envenimer.
Après être entré dans le fantastique de manière remarquée avec l’original Maléfique, Eric Valette a peiné à transformer l’essai (les décevants One missed call et Hybrid), tout en apportant un regain de fraîcheur à sa filmographie via le thriller et le polar noir (Une affaire d’état, La proie). Situé dans cette dernière veine, son nouveau film le voit cette fois-ci adapter un roman de DOA, aidé au scénario par l’écrivain lui-même. Et l’on peut dire que leur rencontre à su se faire attendre.
Ce n’est en effet pas la première fois que l’idée d’une collaboration est envisagée, tous deux ayant à la base été attachés de près ou de loin à l’adaptation du roman Citoyen clandestin, un projet qui ne verra cependant jamais le jour. L’envie d’adapter Le serpent aux mille coupures, soit la suite de l’ouvrage précité, est quant à elle annoncée dès 2011. Six ans plus tard, le long-métrage atteint enfin les écrans.
Si le point de départ du film n’est pas sans rappeler le jubilatoire Canicule d’Yves Boisset, ou le Total western d’Eric Rochant, Eric Valette choisit néanmoins une approche radicalement différente, conférant à son film des airs de western sombre et désenchanté, mâtiné de polar sanglant. Petit regret, si le peu d’information sur le personnage de Tomer Sisley en fait un lointain cousin de l’Homme sans nom des films de Sergio Leone, il peine cependant à en retransmettre toute l’ambiguïté.
Toutefois, tous les personnages, bien que basés sur les archétypes du genre (parfois à la limite de la caricature), sont quelque peu nuancés. Le tueur sadique cache ainsi un passé douloureux, tandis que les paysans sont rendus racistes par leur situation économique précaire. De quoi apporter un peu d’humanité à un scénario émaillé d’éclats de violence âpre (allant jusqu’à flirter avec l’horreur), qui ménage son suspense, aligne ses pièces une à une et fait monter la tension jusqu’à un final qui s’annonce inéluctable.
Si une partie de ce dernier est un peu trop rapidement expédiée, la mise en scène appliquée prouve néanmoins que le réalisateur n’a rien perdu de son savoir faire en la matière, particulièrement lors des affrontements. Malgré de légères longueurs, Le serpent aux mille coupures n’en demeure donc pas moins une série B tendue, soignée et efficace, de celles qu’on aimerait voir plus souvent.