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    Sensation de vertige aux Halles de Schaerbeek

    Le vide – essai de cirque
    Les 4, 5, 6 mars 2016
    par Fragan Gehlker, Alexis Auffray et Maroussia Diaz Verbèke
    Crédit photo : Alan Guichaoua

    18 mètres… C’est la hauteur sous passerelles des halles de Schaerbeek. Si l’information peut paraître anodine, elle prend tout son sens dans le spectacle de Fragan Gehlker, Alexis Auffray et Maroussia Diaz Verbèke.

    Mais d’abord qui sont-ils ? Fragan Gehlker, issu du milieu du cirque, est un amoureux de la corde lisse. Alexis Auffray est son acolyte à la scène. Tantôt ouvreur, il nous distribue des pop-corn, tantôt musicien, il accompagne Fragan au violon, tantôt régisseur, il s’improvise à la technique. Marioussia Diaz Verbèke, amie de Fragan, s’est, elle, imposée comme dramaturge du spectacle.

    Le scénario est simple mais pas simpliste. Il fait écho au mythe de Sisyphe, un essai lui aussi, rédigé par Albert Camus en 1942. Sisyphe est l’ultime héros de l’absurde. Il mène une existence insensée, condamné à pousser une pierre au sommet d’une montagne, laquelle retombe à chaque fois. Soumis à l’espoir sans cesse renouvelé puis à la frustration de l’échec, Sisyphe en vient à trouver le sens de sa vie dans la lutte elle-même, heureux d’accomplir son devoir d’homme. Pour Camus, l’ouvrier qui travaille aux mêmes tâches tous les jours de sa vie n’a pas un destin moins absurde.

    Et pour un acrobate tel que Fragan, le quotidien a la forme d’une corde lisse qu’il monte et descend, remonte et redescend. Une corde susceptible à la fois de l’emmener au sommet… ou de casser. Une corde représentative de son labeur et de son succès. Une corde qui le retient à la vie ; celle-là même qu’il n’hésite pas à mettre en péril sous nos yeux de spectateurs ébahis.

    Comme souvent, sous la superbe charpente métallique des Halles, on assiste à un spectacle hors normes, ici à mi-chemin entre le cirque et la performance, teinté d’émotions et de peur, où l’on cherche à toucher le public par une mise en scène sensible et par la beauté des mouvements en apesanteur plus que par les prouesses acrobatiques.

    Un circassien qui s’essaye au théâtre, c’est un peu comme un voyageur qui écrit un livre, il y a une part d’authenticité indéniable dans la proposition.

    Si le spectacle semble avoir été conçu pour être présenté aux Halles de Schaerbeek, il n’en est rien. C’est un spectacle itinérant qui en est déjà à sa cinquième saison mais qui ne se jouera que trois fois sous les superbes volumes qu’offrent l’ancien marché couvert. En outre, la mise en lumière de la structure métallique superbement rénovée, vaut déjà, à elle seule, le déplacement.

    Une recommandation toutefois : âmes sensibles et personnes souffrants de torticolis s’abstenir!

    Katelyne Marion
    Katelyne Marion
    Journaliste au Suricate Magazine

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