More

    Selah Sue : Reason

    Cela fait déjà quatre ans que Selah Sue a flirté avec les sommets des charts européens avec son album éponyme. Cette jeune chanteuse, dont le vrai nom est Sanne Putseys, postait à 14 ans des ballades sur Youtube avant d’être connue du grand public.

    Et un quart de siècle auront suffi à la chanteuse flamande pour établir deux albums attendus puis adulés puisque sortant du moule des superproductions plus très originales au final…

    Un premier album qui fut un carton, une tournée de plus de deux ans dont la première partie de Prince, qui dit d’elle qu’elle respire la musique , parce que l’attente a été longue, parce que les attentes étaient grandes, je me demandais si Selah Sue serait capable de nous impressionner une nouvelle fois.

    Là où son premier album présentait des hits évidents avec des titres tels que This World ou Ragamuffin et Black Part Love, ce second album n’a pas le même potentiel bien que les premiers singles Alone et Reason soient déjà des succès.

    L’écriture et la production ont particulièrement gagnés en maturité et l’album vous emmène dans un voyage intérieur hautement émotionnel, sans compromis. On écoute Reason et on découvre un mix de tas de genres musicaux.  Le corps de l’album, à défaut d’être cohérent, est sincère. En comparaison avec son travail précédent, les tracks ont gagné en consistance.

    Reason commence par Alone d’une sobriété relativement agréable pour les amateurs du genre.

     

    La suite se poursuit sur des touches électros avec Reason et Together notamment, puis carrément house avec The Light ou encore Falling Out.

    On pourra même prêter des tendances trip-hop aux tracks  Fear Nothing et  au sombre Right Where I Want You, qui ne sont pas sans rappeler les beaux jours de Hooverphonic. On passe ensuite à une atmosphère complètement différente avec le son décontracté de Daddy, une ode touchante à son père (après avoir dédicacé la chanson Mommy à sa mère dans le premier album).

    Ces chansons sont deux extrêmes à l’intérieur des limites de cette collection d’honnêtes et émouvantes chansons où la Soul, mais avec les chœurs modernes de Alive et de Fear Nothing, semble au centre de cet opus.

    Selah émeut sur la ballade Sadness qui nous rappelle la musique soul des sixties, jusqu’au second refrain, où elle se lance dans une sorte de semi rap autour d’une « lazy » guitare saupoudré d’un soupçon de reggae. Un morceau emblématique du style métissé et éclectique de Selah. De plus, ce track se démarque par son grain de voix éraillé et pur qui rend le message encore plus émotionnel et fort.

    Tout au long de l’album, elle chante au sujet des temps qui sont durs et qu’elle doit traverser, à mettre en lien avec le fait qu’elle doit combattre la dépression chronique dont elle souffre depuis des années.

    Alors que penser de ce voyage mélodico-onirique que nous propose Selah Sue ?

    Selah a du talent et une empreinte vocale unique. Cette voix éraillée et sensuelle qui donnait toute la grâce à un Raggamuffin.

    Mais voilà, c’est bien le côté hétéroclite de cet album qui me dérange. Prise de risque en changeant de registre?  Variation de styles pour toucher plus de monde? On a l’impression que Selah a voulu cocher toutes les cases.

    Les arrangements sont surchargés : trop de samples, trop de saxe, trop de violons. Le résultat de cette débauche débouche sur une musique sur-produite voire aseptisée qui bouffe l’émotion. L’intervention (inutile) de Childish Gambino sur Together est symptomatique de ce formatage.  Les chansons ressemblent déjà à des choses entendues (Lana Del Rey, Massive Attack, James Blake). Et c’est malheureusement ce trop-plein qui étouffe la singularité de la voix, censée être la base de l’architecture de cet album.

    Petite déception, certes, mais elle reste une artiste prometteuse dont le talent s’exprime pleinement durant ses sessions acoustiques ou en live. Vivement la période des festivals pour la voir défendre cet album.

    Must listen: Alone, Sadness, Daddy, Won’t Go For More, Always Home, Fear Nothing.

    Derniers Articles