auteur: Lars Mytting
édition: Actes Sud
sortie: novembre 2017
genre: roman
L’histoire débute dans une ferme isolée en Norvège. Edvard Hirifjell est un jeune cultivateur de pommes de terre à la vie pépère remplie de patates et de moutons. Il est aidé par son grand-père, Sverre, qui l’a élevé à la mort de ses parents. Un jour, une croix gammée est retrouvée peinte sur la voiture de Sverre. Edvard comprend alors qu’il ne connaît pas tout de ses proches et se plonge dans le passé familial. C’est ainsi que commence une véritable enquête menée par un jeune homme qui n’a que très peu connu ses parents, morts en France alors qu’il n’avait que trois ans. Ils ont été retrouvés noyés dans un étang de la Somme. A l’époque, Edvard, qui pourtant les accompagnait, n’avait été signalé que quatre jours plus tard à une centaine de kilomètres de là sans aucun souvenir de ce qui s’était passé. Parviendra-t-il à lever le voile sur tous ces mystères qui entourent la mort de ses parents ou de son éventuel enlèvement? Et puis que vient faire l’emblème nazie dans sa paisible existence? C’est un long cheminement qu’Edvard devra suivre pour découvrir la vérité sur sa famille mais aussi pour apprendre à se connaître lui-même.
A travers ce livre, Lars Mytting nous offre un héros intéressant que l’on voit se métamorphoser au fil des pages. Entre Norvège, Écosse et France, le petit cultivateur délaisse ses bottes en caoutchouc, ce qui lui permet – et nous permet en tant que lecteurs – de parcourir de splendides paysages magnifiquement mis en lumière par l’auteur. On est ballottés aussi bien dans les jolis villages côtiers qu’au cœur des tempêtes ou des voyages en bateau. Ces escapades donnent à Edvard l’occasion de découvrir ce qu’on lui a caché mais aussi le monde et les êtres qui le peuplent, luxe qui ne lui était que très rarement permis en étant le roi de la pomme de terre.
Pour le plus grand plaisir du lecteur, l’authenticité de l’auteur transparaît à travers sa plume : une personne appréciant ce qui l’entoure et aimant profondément la nature. Impression très palpable grâce aux descriptions des divers lieux évoqués précédemment, mais aussi par la façon dont il aborde un élément naturel et noble, véritable héros à part entière, le bois. Par lui et pour lui, les personnages vont se déchirer, se retrouver et faire l’histoire que vous aurez entre les mains.
En outre, cet ouvrage met brillamment en exergue la complexité humaine en abordant une belle brochette d’étapes qui ne sont pas du gâteau : lâcher prise et aller de l’avant, pardonner, tenir le cap aussi bien dans les petits coups de mou que dans les gros traumatismes et enfin trouver sa voie. Ce n’est pas un livre rigolo, on souffre avec les personnages qui sont tous, mais alors vraiment tous, torturés d’une façon ou d’une autre, quels que soient leur âge ou leur origine. Soyez prévenus.
Mais (car il y a un mais, vous vous en doutez d’après la cotation), un souci majeur vient ternir le tableau. Cela concerne la manière d’aborder l’intrigue. Elle tient la route, n’en doutez pas, mais l’auteur prend beaucoup de détours pour la dénouer. Trop de détours. Il ne le fait pas de façon lapidaire à la manière d’un thriller, à juste titre vu que ça n’en est pas un, mais on se perd dans les explications et les détails ou on revient en arrière parce que souvent, on n’a pas tout retenu. Et c’est trop, vraiment. On ne s’y retrouve plus et parfois on fait l’impasse sur la compréhension de certains éléments pour pouvoir poursuivre la lecture…et c’est bien dommage.
Pour conclure, Les seize arbres de la Somme est une très belle histoire, mais sachez, chers lecteurs, qu’il faudra vous accrocher…