De Molière, mise en scène de Thierry Debroux, avec Julien Besure, Mickey Boccar, Laure Godisiabois, Thierry Janssen, Othmane Moumen, Brigitta Skarpalezos, Benoît Van Dorslaer, Simon Wauters . Du 13 septembre au 26 octobre 2018 à 20h30 au Théâtre du Parc.
C’est maintenant devenu une tradition au Théâtre du Parc, de commencer la saison avec l’adaptation d’un grand classique de la littérature. Cette année, Thierry Debroux s’occupe de mélanger deux grandes thématiques : une nouvelle vision des Fourberies de Scapin de Molière et les 50 ans de Mai 68. Ou comment arriver à réunir la liberté de la jeunesse dans le théâtre de Molière et la jeunesse révoltée de 1968 qui voulait changer le monde à coup de slogans que l’on retrouvera sur le décor : « Il est interdit d’interdire », « Sous les pavés, la page », « CRS SS », etc.
Dès le départ, le luxueux théâtre est déjà mis à mal, un symbole « Peace and Love » a été taggué sur le magnifique rideau rouge et deux comédiens-chanteurs, passés dans une machine à remonter le temps, chantent les tubes de l’époque, en attendant que le public s’installe. Les maisons d’Argante et de Géronte, les patriarches, sont à présent sur la côte et la plage borde leurs terrasses. Profitant de l’absence de l’autorité paternelle, les deux fils, Octave et Léandre font la fête et tombent amoureux de deux filles inconnues. Malheureusement, les pères reviennent avec des envies de marier leurs fils avec les filles qu’ils ont choisies. Octave et Léandre vont alors s’adresser au rusé valet Scapin qui, avec la complicité du valet Sylvestre, va tenter de régler tous leurs soucis et par la même occasion, y chercher son profit.
Scapin 68 réussit pleinement son défi d’intégrer le classique Les Fourberies de Scapin dans la révolution de Mai 68, trouvant dans le côté rebelle de Molière qui fait triompher la jeunesse face à l’autorité le parfait miroir aux revendications de la jeunesse de 1968. Si le texte est respecté à la virgule près, les décors, costumes, attitudes et musiques, plongent le spectateur 50 ans en arrière.
Pour pouvoir arriver à livrer une adaptation novatrice d’une pièce jouée des centaines de fois à travers les époques, il faut aussi à Thierry Debroux, une poignée de comédiens énergiques et surtout un Scapin qui tire la pièce vers le haut. C’est sur le comédien Othmane Moumen que Debroux met toutes ses chances et c’est une belle réussite. Coupe afro, tenue bariolée et hippie lui serrant au corps, cabrioles en tous genres, gouaille scapinesque et humour ravageur, font de Moumen l’axe central de cette comédie. Bien aidé, il faut l’avouer, par les acrobaties minutieusement chorégraphiées de Simon Wauters et Julien Besure qui virevoltent littéralement dans tous les décors ainsi que par le charisme patriarcal de Benoît Van Dorslaer et Thierry Janssen.
Scapin 68 est encore une fois, une jolie réussite pour le Théâtre du Parc et pour Thierry Debroux. L’intégration des Fourberies de Scapin dans le monde en changement de 1968 renouvelle largement cette comédie de Molière que tout le monde connaît. L’énergie des acteurs et la scénographie encore une fois ambitieuse font des ravages. Sans pour autant, malgré tout, éviter quelques cabotinages visuels dispensables.