Dans un futur proche, le monde se trouve confronté à une coupure soudaine et inattendue de l’électricité. Ce blackout est d’autant plus inquiétant que personne ne semble en mesure de rétablir le courant. Quinze années plus tard, le monde a appris à vivre sans les technologies énergivores mais est aussi tombé dans une lutte intestine où chacun se bat pour sa survie.
Dans une petite communauté rurale de la République de Monroe, entité autoproclamée du Nord-Est des Etats-Unis, une jeune femme dénommée Charlie Matheson voit la milice au pouvoir débarquer afin de capturer son père. Mais la discussion tourne mal, la milice capturant le frère de celle-ci et tuant son père. Charlie Matheson part à la recherche de son frère mais aussi de son oncle.
Une série post-apocalyptique
Revolution est la série évènement de la NBC créée en 2012 par Eric Kripke, lui qui avait signé le succès de Supernatural, série alliant fantaisie et aventure. Pour cette nouvelle série, pas de fantaisie mais bien un monde post-apocalyptique, genre en plein essor ces dernières années.
Le récit nous emmène dans la vie de Charlie Matheson, une jeune femme ayant grandi dans un monde sans électricité. Cette éducation forcée lui a permis de faire face à la violence et à l’environnement qui l’entourent. Une force de caractère qui lui sera bien utile pour entreprendre le périlleux voyage qui la mènera à son frère.
Et pour cause, sous ses allures de série d’action post-apocalyptique, cette nouvelle saga est avant tout une sorte de road movie. Un fil rouge narratif intéressant puisque l’avancée du personnage va se faire de pair avec l’apport de nouvelles pièces au puzzle. De fait, tel un jeu d’énigmes, Revolution nous plonge, à l’instar de ses protagonistes, dans le noir le plus total. Pourquoi l’électricité a-t-elle disparu soudainement ? Que s’est-il passé durant ses quinze dernières années ? Qui est réellement Charlie Matheson ? Bref, une flopée de questions non-exhaustives qui heurtent la curiosité du spectateur et permet, en outre, d’ouvrir aux scénaristes une kyrielle de chemins narratifs aussi divers que variés, ceux-ci pouvant à leur gré adapter le récit suivant les besoins et les envies du public.
Deux grosses pointures aux commandes
L’histoire était toute trouvée, il ne manquait plus qu’aux instigateurs du projet de trouver des pointures pour diriger cette nouvelle série. On le sait, les séries sont actuellement aussi populaires (si pas plus) que les longs métrages, c’est pourquoi les boites de production se bousculent et les grands noms également. Dans ce registre, Revolution est probablement le grand gagnant. Sublimé par l’écriture inventive d’Eric Kripke et auréolé par la présence de J.J. Abrams (Lost, Fringe) et Jon Favreau (Iron Man 1 et 2), Revolution part d’emblée avec une certaine légitimité. Son épisode pilote a d’ailleurs été réalisé par Jon Favreau lui-même, une signature qui a fait de celui-ci un succès incontestable.
Pour autant, il ne fallait pas non plus rester aveuglé par ces présences. Et pour cause, même si la carrière respective de nos deux producteurs est jalonnée de succès, ils n’en restent pas moins des « réal-business », des hommes prêts à nous offrir des effets grandioses masquant volontairement une histoire insipide. Un échec dont il n’est pas question ici puisque force est de constater que Revolution arrive habilement à mixer une histoire intéressante et des décors absolument magnifiques. Un pari réussi.
Un univers en soi
Contrairement à d’autres séries aux budgets trop légers, Revolution bénéficie sans aucun doute d’une dotation confortable. Une manne financière incontournable dans un film financièrement gourmand. Et pour cause, le road movie futuriste que nous propose Eric Kripke demande des décors imposants mais surtout très changeants. Comme le cite lui-même le directeur technique : « il fallait sans cesse changer de décor en sachant bien qu’on ne tournerait qu’une seule fois dedans ».
Mais les décors n’auraient pas suffi à rendre ce récit véridique. Pour ce faire, il fallait également une kyrielle de figurants afin de ne pas tomber dans la mièvrerie ou l’insignifiant (comme ce fut par exemple le cas de la série Game of Thrones, qui éludait purement et simplement les scènes onéreuses). Les armées, même amoindries, se heurtant à tout va, il fallait leur donner une crédibilité et des effets pyrotechniques dignes de ce nom. Encore une fois, le pari est réussi et de bien belle manière.
Le passé comme inspiration du futur
Avant de réaliser ces fameux décors, il fallait créer un univers spécifique et réaliste pour transposer une histoire suggérée. Un travail délicat qui a abouti au final sur un monde inspiré des populations amish actuelles, de la guerre de sécession et du Far-West. Un mélange des âges qui n’est pas pour déplaire même si, et c’est là la première réserve que l’on peut faire à cette série, le récit a tendance à se calquer sur la guerre de sécession. Un Nord pauvre face à un Sud plus riche, menacés tout deux par un Texas puissant et indépendantiste, cela ressemble fortement aux carcans de l’époque.
En outre, les costumes, même si très bien choisis en fonction des personnages, nous renvoient souvent à cette même époque. Enfin, la Caroline du Nord (le film est tourné essentiellement à Wilmington) finit de nous ancrer dans cette période de l’histoire des États-Unis.
De bons et de mauvais acteurs
Pour incarner les personnages de ce western post-apocalyptique, la production a fait appel à des visages connus du cinéma ou de la télévision. Si les choix de Billy Burke (Twilight), Zak Orth (Fringe), Giancarlo Esposito (Once upon a time) et surtout l’australien David Lyons (The Cape) sont plus que justifiés tant leurs prestations sont d’une qualité remarquable, on ne peut pas en dire autant de la jeune Tracy Spiridakos (Kill For Me). L’actrice, aussi jolie soit-elle, ne transpire pas le charisme nécessaire à son personnage, clé de voûte du récit.
La mode du survivalisme
Pour en revenir à l’histoire, celle-ci laisse transparaitre une réalité contemporaine dont elle semble s’abreuver, le survivalisme. De fait, au-delà de ce chaos incommensurable, on entrevoit toute l’angoisse de la société américaine d’aujourd’hui. La peur du lendemain et surtout d’une catastrophe imminente. Comme si l’Amérique n’avait pas assez d’ennemis, elle s’en invente encore, quitte à les ancrer en son sein. Si l’attaque ne vient pas de l’extérieur, pourquoi ne viendrait-elle pas de l’américain lui-même. Cette théorie du complot et cette phobie de l’apocalypse alimentent largement les émissions télévisées et les séries.
En faire le sujet ultime d’une série, c’est le pari gagnant de Revolution. Alors que la planète se cherche, les studios lui trouvent un avenir.
Une bonne première saison dans l’ensemble
En résumé, Revolution est une série pleine de rebondissements dont l’univers, quoique fantaisiste, nous est relativement familier. Si les premiers épisodes mettent du temps à nous installer le décor et les personnages, la seconde moitié de cette saison est d’une consistance scénaristique et logistique rarement atteinte de nos jours. Reste au public à accepter une histoire futuriste et à apprécier la complexité de chacun des personnages.
Revolution est un puzzle à reconstituer, une histoire pleine de flashbacks qui servent à expliquer le chaos dans lequel le monde est baigné. Un road movie plein d’entrain dont on ne demande au final qu’à en voir la suite.
Revolution d’Eric Kripke, la première saison disponible à partir de ce 26 mars 2014 en DVD et Blu-Ray