Scénario : Salim Zerrouki
Dessin : Salim Zerrouki
Éditeur : Dargaud
Sortie : 15 mars 2024
Genre : Biographie/Documentaire
Les auteurs de bande dessinée se sont passé le mot. Dans la lignée de Riad Sattouf, des chroniques d’enfance passées à l’étranger pullulent. Les dessins y sont simplistes et l’humour de mise. Seule l’expérience diffère. Au commencement de celle-ci, il y a un immeuble construit en arc de cercle et orienté plein sud pour accueillir le soleil dans tous les appartements. Un petit bijou de modernité monté sur seize piliers et, summum du luxe, pourvu de son propre bac-à-sable. Bref, au commencement, il y a la fierté du dictateur Boumediène, coulée dans le béton, à l’occasion des jeux méditerranéens de 1975. On y loge des expatriés russes, cubains ou allemands de l’est, tous appelés rwama, c’est-à-dire français. Et dans ce bouillon de cultures, flottent des Algériens, notamment employés à l’Institut des Sciences et des Technologies du Sport comme c’est le cas pour le père de Salim.
Autour de l’immeuble ; des pins. Des mimosas. Et la cité populaire CNS où s’entassent des familles dont le niveau de vie n’égale pas celui de leurs voisins. Le terrain de foot en tuf encerclé par les six barres de la cité ne peut pas rivaliser avec le bac-à-sable. Et évidemment, ça fait des envieux qui se massent autour de la grille qui sépare les deux mondes. L’enfance de Salim, c’est la guerre des boutons, sauce algérienne. Les cailloux volent. Un ballon et un t-shirt, abandonnés sur le champ de bataille, comptent parmi les pertes liées à l’offensive.
Mais les barrières qui encerclent la petite parcelle de paradis où vit Salim et sa famille ne les protègent pas contre la mauvaise gestion des services publiques et de la pénurie de certains biens. Leur statut de privilégiés ne les exempte pas de devoir se lever pendant la nuit pour récolter l’eau quand elle coule enfin. Petits et grands somnolent sur les jerricans qu’ils remplissent à la chaîne afin d’assurer leur approvisionnement. Les jouets sont en plastiques, quand ils sont disponibles sur le marché. Les enfants doivent être inventifs. Rwama ne nous apprend pas seulement comment construire une tyrolienne avec des câbles téléphoniques ou un pétard artisanal avec de vieilles batteries de voiture, il nous en dit aussi long sur l’Algérie post-coloniale.