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    Rwama, mon adolescence en Algérie

    Titre : Rwama, mon adolescence en Algérie
    Auteur : Salim Zerrouki
    Éditeur : Dargaud
    Sortie : 15 mars 2024
    Genre : Biographie/Documentaire

    Après Mon enfance en Algérie, Salim Zerrouki nous propose de découvrir la suite de son parcours dans ce second volet de la série Rwama, très logiquement intitulé Mon adolescence en Algérie.

    Rwama, rappelez-vous, était cet immeuble, monté sur pilotis et coulé dans le béton, comble de la modernité dans l’Algérie des années 70. Évidemment, le temps s’est envolé, emportant avec lui certaines modes. Mais Rwama reste plus qu’une infrastructure à l’architecture désuète aux yeux de Salim Zerrouki. C’est d’abord le lieu qui l’a vu grandir et passer de l’enfant chétif à l’adolescent longiforme qu’il est devenu. Mais c’est surtout un lieu dont la santé est à l’image de celle de l’Algérie. Un lieu dont les fondations canalisent à la fois l’histoire du caricaturiste et celle de son pays.

    Salim Zerrouki avait donc consacré le premier volume de son diptyque à son enfance dans une Algérie assez confortable malgré certains soucis d’approvisionnement et une situation politique, parfois bancale et souvent peu démocratique. L’immeuble était à ce moment encore relativement neuf, malgré certaines marques d’usure et de négligence. Mais ce second volet est beaucoup plus sombre. L’assassinat de Mohammed Boudiaf plonge le pays dans la guerre civile et, parallèlement, Rwama se détériore. Des monticules de déchets s’amassent dans le jardin et obstruent les bouches d’égout jusqu’à ce que l’eau déborde et donne à la cité l’apparence d’une Venise putréfiée. Des terroristes islamistes se déguisent en policiers pour tuer aléatoirement les automobilistes. Les parties de foot sur le terrain en tuf de la cité voisine ont cédé la place aux vols de voitures.

    Mais même ce climat anxiogène ne peut pas empêcher Salim de se laisser envahir par les préoccupations de son âge. L’idée d’aller dans un lycée de tchitchis – c’est à dire de fils à papa – le motive parce que les filles y sont fraîches. Il déteste son père qui l’oblige à porter des mocassins plutôt que des baskets. Ses hormones en ébullition le rendent tout étourdi quand il est question de sexe, mais, comme les autres adolescents de la cité, il se sent investi d’une mission citoyenne qui consiste à dégager les amoureux qui se bécotent sur leur parking.

    Bref, Salim craint la hchouma, ce qu’il raconte dans un récit autobiographique honnête. Rwama est à l’image de ce qu’il promet d’être ; un regard léger et humoristique sur l’Algérie porté par le style épuré du caricaturiste. Héritage de la ligne claire, son style est commun mais très efficace. Ceci dit, cela ne l’empêche pas de prendre certaines libertés. Comme celle popularisée par Art Spiegelman de déshumaniser les terroristes en les remplaçant par des animaux, dont l’esquisse en vert d’eau et corail foncé se détache sur des cases entièrement noires. Ces petits moments de violence l’éloignent de son dessin habituel et ajoutent à cette sympathique bande dessinée un peu de profondeur. Rwama s’inscrit donc raisonnablement et sans fausses notes dans la lignée de ce qui a déjà été fait dans le genre par Marjane Satrapi ou Riad Sattouf.

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