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    Robi : La Cavale

    Après un premier opus L’Hiver et la joie sorti en 2013, Robi nous offre aujourd’hui son second album qu’elle a écrit et composé entièrement seule. Lauréate du prix Georges Moustaki en 2014, elle prend racine doucement mais sûrement dans le paysage de la chanson française grâce notamment à ses collaborations avec Dominique A et Jean-Louis Murat. Mais malgré ce palmarès, soyons honnêtes, cet album est d’une noirceur accablante.

    En effet, si ces textes sont recherchés avec de belles rimes, ils sont également forts sombres. C’est le genre de paroles qu’on ne peut écouter sans en ressortir indemne. Au niveau musical, on balance entre le minimalisme et les sons électroniques appuyés par un synthé qui arrive souvent pour donner un peu de relief au tout durant les refrains. Cependant, les chœurs font parfois penser à un film d’horreur, ils sont vraiment glauques. Robi a une voix intéressante : chaude dans les graves et qui passe facilement vers les aigus avec une texture plus claire, plus limpide.

    Robi a une patte bien à elle qu’il faut saluer. Il est en effet bien difficile dans le monde de la musique de faire ce que l’on aime et surtout de rester fidèle à soi-même lorsque le but premier est de rapporter de l’argent. Si on trouve que la musicalité est parfois douteuse pour nos oreilles non habituées à ce genre musical minimal et déconcertant, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une véritable artiste dans son domaine tant les textes sont d’une poésie qui fait penser au courant romantique de la deuxième moitié du XIXe siècle. On croirait réellement quelquefois qu’elle a eu des accointances avec Baudelaire, peut-être l’écrivain et poète le plus représentatif de ce mouvement.

    Un réel OVNI musical de la chanson française à ne surtout pas écouter lorsqu’on a une tendance à la déprime.

    Daphné Troniseck
    Daphné Troniseck
    Journaliste du Suricate Magazine

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