Riceboy Sleeps
d’Anthony Shim
Drame, Famille
Avec Choi Seung Yoon, Ethan Hwang, Anthony Shim
Sorti le 23 août 2023
Riceboy Sleeps est un magnifique film d’inspiration autobiographique sur l’enfance puis l’adolescence d’un jeune Canadien élevé par sa mère originaire de Corée du Sud. Écrit et filmé par Anthony Shim, dont c’est le deuxième long métrage, ce drame réaliste revisite les thèmes universels de la famille, de l’identité, de l’émigration et de l’assimilation culturelle de manière authentique et très personnelle. Un beau récit de vie, riche en émotions.
Un nouveau départ au Canada
Quand So-Young, mère célibataire, décide de quitter la Corée pour s’installer à Vancouver au Canada, son fils Dong-Hyun n’a que sept ans. L’acclimatation n’est pas facile et le petit garçon souffre des préjugés envers les Asiatiques. Ses camarades d’école l’appelle « Riceboy » et se moquent de lui, l’incitant à se fondre dans la masse pour éviter les quolibets. Comme souvent, l’enfant s’intègre plus vite que les adultes dans son pays d’accueil. La deuxième partie du film le montre neuf ans plus tard, alors qu’il est devenu adolescent. Les scènes évoquant les petits chocs culturels entre immigrés et Canadiens, loin d’être caricaturales, montrent avec subtilité les nombreux petits détails qui empêchent les étrangers de se sentir égaux et acceptés, tels que la suggestion de l’institutrice de donner un prénom anglophone à Dong-Hyun en classe, ou encore la tolérance de l’école et des parents d’élèves face aux vexations à l’égard des enfants d’immigrés.
Grandir sans père
Si Riceboy Sleeps s’inscrit dans la lignée des films « coming of age » (c’est-à-dire s’intéressant au passage à l’âge adulte), il offre en réalité un portrait croisé de la mère et du fils. Le lien filial entre So-Young et Dong-Hyun est particulièrement émouvant. Sans idéaliser la relation mère-fils, l’auteur-réalisateur évoque la difficulté de grandir dans l’ombre d’un père absent, mort alors que Dong-Huyn était encore un très jeune enfant. Mais au-delà de la quête du père, c’est aussi le désir de connaître ses racines qui ressurgit à l’adolescence et qui force So-Young à revisiter un chapitre douloureux de sa vie de femme.
Outre la belle performance des acteurs, l’utilisation de nombreux plans-séquence et la reconstitution convaincante des décors des années 1990 contribuent à l’impression d’authenticité qui se dégage du film. Les principales scènes ont d’ailleurs été tournées au Canada et en Corée, avec des acteurs coréens. Même si les thèmes de Riceboy Sleeps ne sont pas particulièrement originaux, ils sont abordés avec tellement de justesse qu’on en ressort bouleversé(e).