auteur : Stephen King
édition : Albin Michel
sortie : octobre 2015
genre : fantastique
Le Stephen King annuel est arrivé, avec une belle couverture flashy et fluo. Si son titre ainsi accolé au nom de son auteur laisse supposer que le livre est l’occasion de réhabiliter Stephen King – s’il en était besoin –, Revival fait plutôt partie de ses romans les moins forts de ces dernières années.
On avait laissé le King sur un excellent polar – exercice peu fréquenté par l’écrivain – et une relecture des archétypes du genre, avec Mr Mercedes. Revival renoue avec une de ses veines plus classiques, entre réalisme et surnaturel.
Quand il était petit, Jamie a fait la connaissance du pasteur Charles Jacobs, passionné d’électricité qui a guéri comme par magie son frère Connie d’une extinction de voix chronique. Des années plus tard, c’est un Jamie amoindri et accro aux drogues qui recroise le même Charles Jacobs devenu bonimenteur de foires. Sevré par Jacobs – une nouvelle fois grâce aux propriétés miraculeuses de l’électricité –, Jamie reprend sa route et son destin en mains, avant de retrouver une nouvelle fois Charles Jacobs, cette fois-ci prophète de la guérison miracle érigée en religion.
On retrouve dans Revival le goût de King pour la description des communautés reculées de l’Amérique profonde et de la manipulation des croyances, ainsi que celui des récits initiatiques liés à l’enfance, façon Stand by me. Alors que la dimension politique et sociale était souvent dissimulée derrière une intrigue horrifique dans ses précédents romans, elle prend ici le dessus, à tel point que l’aspect fantastique n’apparaît clairement que lors d’une dernière partie en forme d’apothéose grandiloquente et délirante.
Le roman se laisse bien évidemment suivre – malgré quelques mollesses – et Stephen King reste l’un des rares auteurs à pouvoir se targuer à la fois d’être un raconteur d’histoires et de faire de la littérature, mais il faut être habitué à son style et à ses thématiques pour réellement adhérer à ce Revival du début à la fin. Ce n’était par exemple pas le cas du précédent ou de l’excellent Dôme, pourtant constitué de deux tomes volumineux.
Pour qui aura la patience de se laisser porter par les pérégrinations de Jamie et les manipulations de Charles Jacobs, le final renouant avec un surréalisme gore et décomplexé fera office de récompense ultime, preuve du talent indéniable de l’écrivain pour les descriptions hallucinées d’univers oniriques et macabres, et justifiera à lui seul la lecture d’un roman inégal mais toujours intéressant.