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    Retour sur Séries Mania Lille : 4 séries qui ont marqué le public

    Le festival est terminé et les avis sont toujours aussi catégoriques : la deuxième édition lilloise du festival international des séries s’est achevée sur une note positive. Avec ses 20.000 spectateurs, c’est tout naturellement que Lille vous donne rendez-vous pour sa troisième édition en mars 2020. L’avantage de ce festival est qu’il touche tous les publics, de tous les âges, à travers une programmation riche, populaire et gratuite.

    Cette année, le festival s’est vu plus grand avec un panel de stars venues des quatre coins du monde qui a apporté un engouement auprès des spectateurs. La venue cette année de plusieurs stars internationales, dont Uma Thurman, Anna Paquin, Freddie Highmore, Laëtita Casta ou Julie Gayet place Séries Mania comme un événement de premier ordre. Dès le vendredi 21 mars, le ton était donné avec une foule de stars, françaises comme étrangères. Une proximité avec le monde du cinéma grâce aux animations, conférences, tables rondes, interviews qui ont apportés une touche intimiste au festival.

    Après huit jours de compétition, de rencontres inédites, de projections incroyables dans toute la ville et d’animations électrisantes, le festival Séries Mania a bouclé sa deuxième saison en révélant son palmarès. Le jury international, présidé par Marti Noxon, entourée de Delphine de Vigan, Audrey Fleurot, Julianna Margulies, Thomas Lilti et Podz a révélé le grand gagnant de cette édition 2019 … The Virtues ! Une étonnante série britannique qui met en scène Joseph, un homme noyé dans l’alcool et la solitude qui retrouve sa sœur après 30 ans sans nouvelles. Mytho, une série française comique et piquante signée Arte a été récompensé pour le rôle de la Meilleure Actrice à Marina Hands et a également reçu le Prix du Public. Le Prix Spécial du Jury a été remis à la série israélienne Just for Today, de Nir Bergman et Ram Nehari. Arte s’est encore fait remarqué avec Une île, où on peut retrouver la talentueuse Laetitia Casta dans le rôle d’une sirène, en obtenant le prix de la Meilleure Série Française.

    L’international a également eu son moment de gloire grâce à la série Exit qui a remporté le prix de la Meilleure Série dans la compétition internationale et People Talking qui gagne la compétition en formats courts. Enfin, les lycéens ont votés, M’entends-tu ? a remporté le prix de la Meilleure Comédie. Notons également le succès des nuits des comédies et Game of Thrones qui ont attirés 1.000 spectateurs.

    Mais Séries Mania c’était plus de 70 séries où pour chacune, les premiers épisodes ont été projetés en avant-première.  Les saisons, pour la plupart, sont dorénavant diffusées à la télévision. Entre agréable surprise et totale déception, le Suricate Magazine les a visionnées en totalité pour vous et a sélectionné celles qui ont marqués l’esprit, en bien ou en mal, des spectateurs de Séries Mania.

    8 days (Allemagne)

    Il ne reste plus que huit jours avant qu’une météorite ne s’abatte sur notre planète bleue. Un crash qui se passera en France, à la Rochelle et qui rayera de la carte une grosse partie de l’Europe occidentale et du Nord de l’Afrique. Les épargnés, l’Amérique, la Russie et la Chine sont alors pris d’assaut par vague de milliers de réfugiés et c’est sans surprise qu’ils ferment leur frontière.

    Que vont faire les centaines de milliers de familles qui n’ont pas pu quitter les terres d’Europe ? Chacune envisage ses derniers jours sur Terre à sa manière : acceptation, abandon, tentative de survie, … que feriez-vous s’il ne vous restez que huit jours à vivre ? Vivriez-vous vos derniers instants en famille ? Décideriez-vous plutôt de vous amuser entre amis baigné de luxure et d’alcool ? Tenteriez-vous de vous échapper malgré les dangers ? Rapprocheriez-vous de la religion pour y trouver du réconfort ?

    La thématique apocalyptique est aussi appréciée que déjà trop exploitée. Pourtant 8 days apporte quelques bonnes idées. Tout d’abord, le format de 8 épisodes est plutôt appréciable et permet déjà de se démarquer des séries qui tirent trop en longueur. Savoir que la série aura une fin qui ne s’étalera pas sur plusieurs saisons permet de s’immerger avec facilité et enthousiasme. Les formats courts sont pourtant un risque car il faut capter le spectateur dès le premier épisode et le défis a été relevé par Peter Kocyla. À la fin du premier épisode, nous sommes parfaitement attachés aux personnages. Différents soient-ils, on arrive à s’identifier aux parents paniqués, aux enfants désorientés, aux jeunes perturbés et aux grands-parents isolés. Une multitude de profil qui fonctionne tous car 8 days arrive parfaitement à mettre l’humain en avant et la sensibilité qui en découle.

    L’humanisme y a une grande part car la série aborde une approche plus dramatique que spectaculaire. Ce choix est judicieux car les intrigues de fin du monde vues et revues n’auraient pas suffi à capter notre attention. Avec cette approche tragique et émouvante, 8 days est une série dramatique, divertissante et bouleversante.

    Flack (Royaume-Unis)

    Robyn travaille au sein d’une agence de relations publiques et gère les situations de crises fréquentes au sein de la vie des célébrités. Autant elle excelle dans son métier, autant Robyn a une vie personnelle débridée. Les mensonges au sein de son couple, la relation familiale totalement névrosée, son addiction à la drogue, … le décor est planté dès le premier épisode.

    Flack n’a pas la prétention d’être un programme original. Le thème d’immersion dans la vie des célébrités et dans le monde du travail est de plus en plus exploité (Dix Pour Cent, UnReal, Great News). Malheureusement, Flack n’apporte pas le petit plus qui fera sortir la série du lot. On apprécie évidemment voir Anna Paquin dans son personnage drôle et sensible qu’elle maîtrise à la perfection mais cela ne suffit pas à oublier les personnages secondaires qui sont tout droit sortis de clichés et caricatures sociales. Son fiancé adorable mais aveuglé par l’amour, n’amène qu’un sentiment de lassitude et de pitié à son égard. Sa collègue de travail, fière, hautaine et vulgairement bourgeoise fait perdre le peu d’humanisme qui reste à la série. Finalement, la gentille stagiaire qui est prête à accepter toute frivolité pour s’intégrer dans l’équipe qui la tyrannise sauve l’ensemble même si elle, également, est un archétype.

    Après les premiers épisodes, on ne sait pas vraiment où la série veut nous amener. L’histoire est plantée, mais les scènes qui se succèdent sont inégalement intenses et trop souvent contradictoires. L’exemple le plus frappant est lorsque Robyn gère un client qui ne cesse de tromper sa femme qui souhaite alors le quitter. Mauvaise publicité pour lui, Robyn se doit d’agir. S’en suit alors un discours sur les questions d’inégalités et la domination des hommes dans ce milieu très sexualisé. Un passage qui véhicule un message intense et plein de sens qui se termine par … Robyn qui couche avec son client. Nous ne lui reprochons pas son acte qui est consentant mais la chute manque tellement de finesse qu’elle amène un malaise.

    Nous retrouverons ce type de schéma dans la suite des épisodes et n’en découle qu’une incompréhension totale. Malgré tout, c’est en adéquation avec le personnage principale qui est mentalement perturbé et a du mal à prendre des décisions rationnelles. Finalement, Flack est une série mitigée. On l’aime ou on ne l’aime pas, mais en tout cas, elle se regarde.

    Osmosis (France, Netflix)

    Paris, dans un futur proche, la technologie est de pointe et une application révolutionnaire appelée « Osmosis » permet à chacun de trouver son âme sœur grâce à des micro-robots implantés dans le cerveau. Paul (Hugo Becker) et Esther (Agathe Bonitzer) frère et sœur, sont les développeurs de cette application et testent leur intervention sur des cobayes sélectionnés selon certains critères. Comment ça marche ? On avale une pilule et on voit le visage de sa moitié. Il ne reste plus qu’à partir à sa recherche.

    L’intrigue est évidente : est-ce que cette technologie fonctionne ? Quel en est le prix à payer ? Est-il prudent de donner accès à ses pensées les plus intimes ? La recherche de l’amour n’a -t-elle pas atteint ses limites ?

    La science-fiction est un thème de plus en plus populaire dans les séries. Le succès de Black Mirror témoigne de ce nouvel engouement et il est appréciable de voir la France se lancer ce défi, encore faut-il savoir être à la hauteur. La science-fiction est une approche complexe car elle demande de l’imagination, de la précision et surtout une connaissance parfaite de son sujet. Si celui-ci n’est pas maîtrisé, vous risquez de lasser votre spectateur perdu dans une multitude d’information incompréhensible. Malheureusement Osmosis n’a pas su relever ce challenge. Dès les deux premiers épisodes, visionnés au festival, Osmosis se perd entre série SF, dramatique, comique, romantique et même d’action. Cela aurait pu être supportable, si les acteurs eux-mêmes n’étaient pas perdus dans ce scénario. Ce sont des personnalités pourtant intéressantes, mais tout simplement sans profondeur, les jeux d’acteurs sont d’une platitude effarante car les dialogues sont récités et non joués. Ce manque de dynamisme n’est pas aidé pas les plans fixes qui ralentissent les scènes et les tirent en longueur. On sent néanmoins une amélioration dans la suite des épisodes, les flashbacks donnent quelques informations sur la création d’Osmosis, mais il est déjà trop tard.

    Le sujet pourrait sauver la série, déjà exploité avec succès dans Black Mirror, qui ne manque pas de vivre avec son temps. Un sujet d’actualité qui est malheureusement mal maîtrisés. On nous plombe d’un jargon technique sans aucune explication. Les personnages eux-mêmes ne semblent pas savoir de quoi ils parlent. Ce n’est qu’une superposition de jolis décors, de beaux costumes et d’accessoires qui s’évaporent avec regret dès que l’on quitte le laboratoire. Les révélations des derniers épisodes changent néanmoins légèrement notre regard et on peut s’imaginer une suite plus captivante.

    Osmosis se noient dans les clichés et son univers futuriste est inenvisageable et semble plutôt tout droit sortie d’un univers improbable. Pour une série hautement attendue, Osmosis n’a malheureusement pas su être à la hauteur des espérances.

    Fleabag (Royaume-Unis, Amazon)

    Quelle magnifique surprise que la série Fleabag. La série comique a été multi récompensée et on comprend pourquoi. La saison 2 nous a été présenté à Series Mania et raconte l’histoire d’une jeune femme Fleabag (« sac à puces ») née d’une famille dysfonctionnelle : des parents décalés, une sœur maniaque marié à un alcoolique odieux. Nous suivrons leur vie au quotidien et préparez-vous à rire, beaucoup rire.

    Si vous aimez l’humour britannique sachez que Fleabag ira bien au-delà de vos espérances.  C’est sous forme de 6 épisodes de 25 minutes environ que vous partagez la vie d’une trentenaire totalement barrée qui couche avec tout ce qui lui tombe dessus (moyen d’oublier un mal-être profond du au suicide de sa meilleure amie). Sa vie personnelle est bordélique et conflictuelles mais abordées avec un humour inattendu. Tout est surprenant, on n’est jamais préparé à ce qui va être dit ou vu. Les situations sont rendues encore plus absurdes par l’héroïne qui parle directement au téléspectateur sous forme de monologues ou en partageant juste ses expressions faciales. Ses réactions sont hilarantes surtout que les autres personnages ne voient pas et n’entendent pas cet échange.

    En seulement deux saisons, l’actrice principale, Phoebe Waller-Bridge, a réussi à nous immerger dans son univers rocambolesque, grâce à son indéniable talent (et le reste du casting n’est pas sans mériter nos éloges). On est pris d’affection pour ce personnage qui s’apparente pourtant à l’anti-héros. Elle est têtue, égocentrique, cynique mais également totalement décomplexée. On ne peut qu’être attaché par ce personnage qui tente de redonner un sens à vie après un évènement tragique.

    C’est avec efficacité, car il n’y a que deux saisons de douze épisodes, que Fleabag a réussi à nous présenter une histoire particulière, nous faisant rire aux éclats, sans nous laisser une seconde de répit. C’est d’autant plus une réussite que le scénario est maîtrisé avec qualité. Les dialogues bien que totalement délurés, ont pourtant un sens et un fil rouge. On jongle entre sujets dépeints avec sarcasmes, ironies et humours et des thématiques abordées avec sensibilités, délicatesses, et réalismes sans jamais franchir la barre de la vulgarité ou du cliché.

    Fleabag c’est la qualité et non la quantité. Vous suivrez cette série avec une aisance impressionnante. L’immersion est totale et en sortir après deux saisons incroyables nous laisse une petite larme aux yeux, mais ce sont les larmes d’un spectateur heureux.

    On remercie Séries Mania, pour ce festival réussi avec une sélection de plus de 70 séries de qualité et on se dit rendez-vous en 2020 !

    Alphonsa-Madel Bocklant
    Alphonsa-Madel Bocklant
    Journaliste du Suricate Magazine

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