Certains artistes changent de style comme on change de sous-vêtements. Retournant leur veste au grés des modes, ils tentent vainement d’expliquer qu’ils ressentent un besoin de changement dans leur musique, se gardant bien de préciser que leur maison de disque les a plus que fortement encouragé dans ce revirement.
Ian Anderson n’est pas de ce style là. Depuis plus de 40 ans, que ce soit avec son groupe Jethro Tull ou en solo, il se ballade avec sa flute et sa voix, tel un ménéstrel des temps modernes. Par son talent, il enchante le public, l’emmène dans des histoires remplies d’émotions et parfois d’humour.
Avec Homo Erraticus, son tout dernier opus, Ian Anderson joue le prophète à travers son personnage fétiche, Gerard Bostock, héros du légendaire album Thick as a Brick et de sa suite parue il y a deux ans. Il revient sur des événements clés de l’histoire de la Grande-Bretagne avec un concept album de 15 chansons, découpé en trois chapitres.
Le voyage proposé s’effectue dans la pure tradition des albums de l’artiste, avec son mélange de rock progressif et de folk, le tout accompagné par le magnifique son de flute de Ian Anderson.
Malgré l’étiquette de « rock progressif » collant à son oeuvre, les morceaux sont simples, sans fioritures excessives mais remplis de magie et de finesse. On se laisse bercer par les différentes mélodies, on écoute la voix un peu vieillissante de l’artiste, mais qui n’a rien perdu de son don pour envouter l’auditeur. Une bonne connaissance de l’anglais est d’ailleurs un plus pour apprécier les subtilités de narrateur de notre ménestrel.
En résumé, pas besoin d’interminables descripions : c’est simple, c’est beau, magnifiquement exécuté, c’est frais, c’est tout ce qu’on attend d’un album de Ian Anderson
Néanmoins, apprécier cet album demande du temps, et quelques écoutes s’avèrent nécessaires. Amateurs de musique fast-food, passez donc votre chemin.
Tout n’est bien entendu pas parfait, le paradis sonore n’existant pas, on peut relever l’un ou l’autre morceau un peu plus faible et le mixage final du son de la guitare électrique n’est pas toujours exceptionnel. Mais on pardonne facilement ces petits défauts.
Sans égaler le génie de certains albums de Jethro Tull, Homo Erraticus ne pourra que plaire aux amateurs du flutiste unijambiste et de belles mélodies en général.
Dans le monde de la musique, on a souvent droit au refrain « ‘c’était mieux avant ». Cet album en est un parfait contre exemple et prouve bien qu’une recette mainte fois utilisée peut s’avérer toujours aussi délicieuse quand elle est cuisinée par un chef 4 étoiles.
Pour l’anecdote, l’album a pour l’instant réussi à se classer à la 6ème place des Charts Anglais, ce qui n’était pas arrivé depuis plus de 40 ans à Mister Anderson.
Une bien belle récompense pour l’artiste.