RESIST! C’est une nouvelle exposition centrée sur la photographie qui se tient au BOZAR jusqu’au 26 août 2018 qui s’attache à mettre en lumière, pour le cinquantième anniversaire de Mai ’68, l’héritage des protestations qui éclatèrent un peu partout dans le monde.
Pour l’occasion, le BOZAR a réservé un bel espace à RESIST!, épuré à l’extrême, les murs blancs sans fioritures, les photographies alignées les unes après les autres de façon presque monotone. Mais lorsque l’on se rapproche pour découvrir les oeuvres, on se rend compte que le sujet ne l’est en rien et l’aspect d’emprisonnement qui transparaît des images est renforcé par leur accrochage : des grilles en fer provenant probablement de chantiers de construction. Ceux-ci nous rappellent en écho le musellement de la liberté d’expression et l’emprisonnement des gens qui ont osé s’exprimer à voix haute pour faire bouger les choses au péril de leur vie.
Bruno Barbey – Avenue des Champs-Elysées, VIIIe arrondissement, Paris, 30 mai 1968
En continuant notre visite, on reconnait certains visages, certains lieux méconnaissables, leurs rues obstruées de barricades faites de pavés ou de palettes de bois, des immeubles défoncés par les combats de rues et toujours ces mots qui reviennent : “Le peuple au pouvoir”, “Votez pour la liberté d’expression”, “Non à la culture de classe”, etc.
Oliver Ressler – Take The Square. 2012.
On est encore frappé par un détail, qui n’en est finalement pas du tout un : ces émeutes, manifestations et autres combats ont eut lieu un peu partout dans le monde en même temps. Parce que cette période est moins illustrée que d’autres, on oublie souvent que la décennie qui couvre les années 60-70 a eu un impact direct sur notre génération. Ce sont nos parents et nos grands-parents qui se sont battus pour que l’on puisse tous vivre libre, pour que la société devienne plus égalitaire, pour que chaque personne sur terre, quelque soit son sexe ou sa couleur de peau, puisse voter. Il est désappointant de se rendre compte que Martin Luther King fut assassiné il y a à peine 50 ans alors qu’il luttait pour la déségrégation et l’emploi des minorités ethniques! Et pourtant, à voir la recrudescence des attaques des suprémacistes blancs aux Etats-Unis, on se demande si tout n’est pas en train de recommencer… ou ne s’est jamais vraiment arrêté.
Gilles Caron, Rue Gay Lussac, Paris, 12 mai 1968
Enfin, le grain caractéristique des photographies développées à cette époque ainsi que le noir et blanc renforce l’effet de temporalité qui nous en sépare et pourtant, on ne peut s’empêcher de se dire que ces événements semblent cycliques, comme gravés dans la mémoire de l’humanité. Un étrange sentiment nous étreint lorsque nous quittons RESIST! Et une exposition qui nous touche, nous ébranle ou encore nous pousse à nous questionner est une exposition réussie. Dépêchez-vous, vous n’avez plus que jusqu’au 26 août pour la découvrir.