La Mémoire fertile
Réalisateur : Michel Khleifi
Genre : Documentaire
Nationalité : Palestine, Belgique, Pays-Bas, Allemagne
Date de sortie : 1981
Présenté dans le cadre du Mois du Doc 2024
Dans La Mémoire fertile, Michel Khleifi tisse un portrait saisissant de deux femmes palestiniennes dans les années 1980, Farah et Sahar, pour explorer les tensions entre l’oppression et la résilience humaine. Tandis que Farah vit entourée de sa famille en milieu rural, Sahar, plus jeune, évolue dans un environnement urbain, porté par son travail d’écrivaine. À travers leurs quotidiens et perspectives, le film illustre la persistance de liens profonds avec la terre et la lutte silencieuse pour préserver leur dignité.
Les paysages, omniprésents, deviennent un miroir de leur vécu : ils sont immenses et vulnérables, à l’image de leurs combats intérieurs. Entre la vie simple mais active de Farah et la réflexion contemplative de Sahar, Khleifi juxtapose deux expressions de résistance, profondément marquées par leur statut de femmes dans une société patriarcale. Le film reste aujourd’hui une œuvre incontournable, rappelant que, même dans l’adversité, vivre demeure un acte de révolte.
Les premières images de Gaza ne peuvent plus aujourd’hui nous laisser indifférents tant elles ont été médiatisées. Ce goût amer qui nous rappelle que cette lutte, cette oppression, existe depuis déjà beaucoup trop longtemps. Même en étant sorti en 1980, le film reste tragiquement d’actualité en portant un récit qui dépasse aujourd’hui le film lui-même.
Khleifi reste pourtant dans une humilité dissonante avec le contexte d’oppression connu de l’époque et d’aujourd’hui. En effet, son film n’agit pas comme un cri mais plutôt comme un poème qui nous récite comment un peuple se retrouve dépossédé de ses terres, de ses droits et de son espoir. Une chose persiste : le fait humain et la foi qu’un jour tout sera rentré dans l’ordre.
Avec une approche presque sociologique, Khleifi utilise ces récits personnels pour évoquer les luttes collectives d’un peuple entier. En se concentrant sur les femmes, il donne à voir une humanité souvent éclipsée par les récits dominés par les hommes. La Mémoire fertile transcende le temps en capturant l’essence de ce moment historique, offrant un témoignage intemporel sur la tragédie et la beauté de la condition humaine.