Titre : Résidence Saha
Auteur.ice : Cho Nam-Joo
Edition : 10/18
Date de parution : 07 novembre 2024
Genre du livre : Dystopie
La Corée du Sud a conquis sa place dans la culture populaire grâce à la qualité et la diversité de sa scène musicale et cinématographique. Pourtant, malgré cette très large couverture médiatique, la littérature coréenne, hormis quelques auteurs phares, est moins connue à l’étranger. Raison pour laquelle, c’est un plaisir de retrouver Cho Nam-Joo, qui, après le succès international de Kim Jiyoung, née en 1982, nous revient avec Résidence Saha, une dystopie qui évoque des thème comme le capitalisme sauvage, la mainmise de l’Etat sur les médias, la marchandisation de l’individu, à l’heure où les inégalités dans le monde ne font que se creuser et les libertés fondamentales se rétrécir.
Dans une ville-État appelée Town, ville riche mais foncièrement inégalitaire, une femme est retrouvée morte dans une voiture abandonnée. Immédiatement, la police oriente ses recherches vers la résidence Saha, un endroit où les plus démunis, dépourvus de tous droits, vivent, sans eau ni électricité et sont condamnés à accepter les travaux les plus pénibles pour survivre. C’est là que se sont réfugiés, un soir, Jingyeong et son frère Dogyeong, trempés et grelottant de froid. La police soupçonne rapidement ce dernier, qui disparaît. Sa sœur part alors à sa recherche avec l’aide d’un groupe de marginaux.
Autant les débuts sont prometteurs, l’autrice décrivant avec brio un monde dystopique qui, en de nombreux points, ressemblent déjà à ce que certaines personnes peuvent vivre à l’heure actuelle – absence de statut social, conditions de travail déplorables, racisme systémique envers ceux qui sont différents de la classe dirigeante – autant le schéma narratif nous semble confus, Cho Nam-Joo ayant fait le choix d’une narration non linéaire centrée sur chaque protagoniste, ce qui nous éloigne souvent de la trame principale.
Même si certaines histoires individuelles sont intéressantes et nous présentent encore d’autres facettes de cette effrayante cité-Etat, on éprouve au final assez peu d’attachement pour les personnages et surtout, on se soucie très peu de l’intrigue principale, qui n’est pas celle évoquée sur la quatrième de couverture.
Sentiments mitigés donc pour ce Résidence Saha, qui, contrairement à Kim Jiyoung, née en 1982, perd assez rapidement de son pouvoir d’attraction.