Il y a quelques jours, nous vous avions proposé la chronique du cinquième et superbe album de Headcharger: Black Diamond Snake. (cliquez ici pour lire la chronique de cet album)
Ce disque, très abouti, nous a vraiment impressionné et l’on ne pouvait s’empêcher de vous faire découvrir davantage ce groupe talentueux qu’est Headcharger au travers d’une interview avec leur chanteur, Sébastien Pierre.
Bonjour Sébastien,
Merci pour cet interview.
Parlons tout d’abord du groupe.
Au fil des ans,Headcharger s’est forgé une solide réputation sur la scène française et internationale.
Comment est né l’aventure et pourquoi ce nom ?
C’est une aventure qui a commencé il y a presque 10 ans aujourd’hui. Nous habitions tous la même ville de Normandie et avions tous d’autres projets. Au fil des rencontres, nous avons décidé de monter un groupe ensemble. Il nous fallait un nom et on trouvait qu’HEADCHARGER collait plutôt pas mal à l’esprit de ce qu’on voulait transmettre aux gens. Depuis, le temps a passé, nous avons sorti 5 albums et autant de tournées. Bref, si on nous avait dit que ce projet nous mènerai jusque là, je ne pense pas qu’on l’aurait cru.
Votre style a quelque peu changé au fil des albums. Pourquoi ce choix ?
Justement parce que notre musique a vieilli en même temps que nous. Nous sommes complètement décomplexés et je pense que c’est en parti pour cela que la musique d’Headcharger est aussi sincère.
De plus en plus de groupes se tournent vers le stoner de nos jours.
Pensez-vous que cela est dû à un effet de mode ou à un réel besoin des musiciens et du public?
Je pense avant tout que le terme « Stoner » ne veut rien dire en soit. Il a juste fallu coller une étiquette sur une musique. C’est du rock pour moi, point barre. Il y a 15 ans tout le monde faisait du Néo metal, aujourd’hui tout le monde se dit « Stoner ». Pourquoi pas…
Concernant HEADCHARGER, on s’est toujours senti un peu en dehors de ces pseudos mouvements. On a juste composé la musique qui nous ressemblait à un instant T. S’il fallait donner un style à notre musique je te dirais qu’on joue du Hard Rock.
Votre nouvel album, Black Diamond Snake, est sorti chez Verycords. Tout d’abord, peux-tu me dire comment s’est passé le processus d’écriture et d’enregistrement de ce disque ?
De la manière la plus naturelle qui soit. Nous avons commencé à composer pour cet album en même que nous tournions pour Slow Motion Disease. On voulait enfoncer le clou. Revenir à ce qui fait notre force c’est à dire des chansons qui te restent en tête et qui te donnent envie de prendre la route. Le cinéma étant pour nous tous une deuxième passion, on a voulu l’intégrer à 100 % à notre musique. On a donc décidé de construire cet album comme un road movie. Le Black Diamond Snake est cette voiture qui hante les nuit d’un mec tout au long de notre histoire. Chacun des titres retrace une sorte de dualité jusqu’à ce que ces protagonistes finissent par ne former plus qu’un.
Sur la pochette, on peut voir une voiture telle qu’on en voyait sur les albums de ZZ Top dans les années 80. Est-ce une référence pour vous?
Le clin d’œil peut en effet être vu comme cela. ZZ TOP, Thin Lizzy, Led zep…sont autant de groupes qui nous ont marqué.
La référence principale pour cette pochette est avant tout le cinéma des années 70′. C’est Jérémie CONTINO ( Hyraw clothing) qui en est l’auteur. Il s’est appuyé sur l’histoire et le concept de cet album pour le mettre en image.
En faisant ce disque, quel était le plus grand défi pour vous ?
Il n’ y avait pas de défi particulier. Juste continuer de faire ce qu’on fait de mieux ensemble, de la musique. Encore une fois on ne s’est mis aucune barrière, on voulait juste que cet album nous plaise.
Est-ce que vous composez en commun ou est-ce qu’un membre propose aux autres ses idées ?
Le plus souvent ce sont David (Guitare) et Rom (basse) qui apportent les premières idées. Ensuite, avec Antony, on se penche sur les arrangements, les mélodies de chant, les textes…Tout ce travail se fait en sous-groupe. Enfin, on joue les morceaux tous ensemble et c’est seulement à cette étape que l’on décide de garder ou pas une chanson. L’important, pour nous, reste le live. Si une idée ne passe pas ce cap, on la met de côté.
C’est déjà votre cinquième album. D’où tirez-vous toute cette inspiration ?
On ne se force pas. Ça vient naturellement. On fait de la musique tous les jours, c’est juste notre raison d’être. A force de pratiquer, les idées te tombent dessus. Il n’y a pas de secret…
Est-ce que ces morceaux sont tous récents ou les avez-vous travaillé de longue date ?
Pour cet album, tous les titres ont été composés pendant la tournée de Slow Motion Disease. Ils sont donc tous plus ou moins récents.
Vous avez changé de line-up au fil du temps. Ce disque est le premier avec votre nouveau batteur, Rudy Lecocq. Avez-vous eu du mal à trouver un batteur qui vous convienne et qu’est-ce que Rudy apporte de plus à présent à la sonorité et en live ?
Cette question du batteur revient souvent nous concernant. C’est vrai qu’il y’en a eu quelques-uns…Ce sont tous de très bon musicien mais nous avions besoin d’y voir plus clair. Rudy a intégré le groupe quelques mois avant l’enregistrement de Black Diamond Snake. Nous le connaissions depuis plusieurs années et je pense qu’il a fallu tout ce temps pour se retrouver ensemble sur ce projet. Il nous apporte indiscutablement un côté instinctif et frais que nous avions peut être perdu. A la fin de l’enregistrement ça nous est apparu comme une évidence. Il fallait qu’il intègre Headcharger et nous ne regrettons pas du tout ce choix, au contraire.
Le succès grandissant, avez-vous subit plus de pression pour ce disque ?
La seule pression que l’on ait est celle que l’on se donne et c’est largement suffisant. Verycords nous a toujours fait une totale confiance sur ce point. Pour tout te dire, ils ont reçu les bandes de Black Diamond Snake deux jours avant qu’il parte au pressage….
Contrairement à certains groupes français, tu chantes en anglais. Est-ce dans un but d’exporter plus votre musique ou juste par choix esthétique ?
C’est purement un choix esthétique. Nous n’écoutons pas de musique francophone, ce n’est pas dans notre culture.
Que penses-tu de la scène rock actuelle en France ?
AC/DC disait « It’s a long way to the top if you wanna Rock n’ roll… », je pense que tout est résumé dans ces quelques mots.
Les artistes français me parlent souvent de leurs galères à bloquer des dates ou faire leur promo.
Ayant tourné en Europe, est-ce que tu t’es parfois fais des réfections sur la façon de traiter les artistes ailleurs par rapport aux difficultés rencontrées en France ?
Je pense que l’important est de ne pas griller les étapes. C’est pour moi le seul garant de la longévité. Les jeunes groupes veulent souvent tout, rapidement. Ça ne se passe pas comme ça. Avant même d’avoir fait leurs premiers concerts, ils te parlent de managers, de contrats…Ils en oublient l’essence même de ce travail…LA MUSIQUE…Attention je ne suis pas en train de dire que l’image du groupe n’est pas importante, je dis juste qu’avant de penser à ces « à-côté », il faut se concentrer sur son instrument, le travailler et être lucide sur sa musique…
Quand tu regardes en arrière, Il y a-t-il des choses que tu ferais différemment aujourd’hui?
Non je ne pense pas. On a appris de nos erreurs, c’est aussi ce qui a forgé l’image d’Headcharger.
Vous allez jouer prochainement dans des festivals comme le Motocultor ou Raismes. Pensez-vous à une plus grande tournée en France et en Belgique ?
Notre tourneur y travaille. On passera sans nul doute en France, Belgique et ailleurs …
A quand un cd ou dvd live ?
Si l’opportunité se présente, ça serait en effet quelque chose que l’on aimerait faire. Plus sous forme de dvd je pense …
Quel est votre meilleur souvenir sur scène ?
C’est toujours une question un peu difficile. On a la chance depuis maintenant 4-5 ans de jouer dans de bonnes conditions et les mauvais souvenirs se font de plus en rare.
Photos: Nicolas Gaire