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    Rencontre avec Jean Regnaud

    Interview de Jean Regnaud, scénariste de Ma Maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill. Une rencontre qui s’est déroulée à quelques heures de la possible consécration du film à la 39ème cérémonie des César dans la catégorie du Meilleur Film d’Animation.

    D’après ce que nous avons pu comprendre, Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill est une histoire relativement autobiographique …

    Le récit a une base autobiographique. Il est inspiré d’événements qui me sont arrivés quand j’étais enfant. À partir de ces événements, j’ai construit une histoire sensiblement différente. Si on veut être clair, c’est de l’ « auto-fiction ».

    Quelles sont justement ces parts de « vrai » et ces parts de « romantisation » ?

    Les anecdotes sont quasiment toutes vraies. Là où j’ai triché, c’est plus sur la chronologie, sur les sentiments des personnages et sur les personnages eux-mêmes. Mais la plupart des événements importants sont vrais. J’avais vraiment une voisine qui me lisait les cartes postales de ma maman.

    L’histoire était déjà parue en bande dessinée en 2007. Qu’est-ce qui vous a amené à adapter le récit au cinéma ?

    Ce sont les producteurs du film qui ont eu l’idée et l’envie d’en faire un long métrage. L’idée ne m’avait pas traversé l’esprit. J’avais déjà adapté certaines œuvres d’autres auteurs mais je ne pensais pas que Ma maman est en Amérique pouvait devenir un film. Cela a été une véritable surprise quand les producteurs ont voulu m’acheter les droits et que j’écrive le scénario.

    Y a-t-il de grandes différences entre la bande dessinée et le film ?

    Il y a des points communs, bien évidemment, mais il y a beaucoup de choses qui sont dans le film et qui ne sont pas dans la bande dessinée et réciproquement.

    Vous êtes crédité comme co-scénariste, mais est-ce que vous avez eu la main mise sur d’autres aspects du film ?

    Non, je ne voulais pas. C’est un métier très particulier d’être réalisateur, storyboarder, etc. Ne connaissant pas exactement ce métier, je n’ai pas voulu m’en mêler. J’avais peur que ma parole ait trop de poids, que quand je dis quelque chose, on m’écoute alors que je n’y connais rien. Et puis, je me suis dit aussi, un peu lâchement, si c’est pas bien, je dirai que c’est leur film, et si c’est bien je pourrai toujours dire que c’est le mien. (rires)

    Et verdict ?

    Le résultat c’est que c’est mon film ! (rires)

    Au vu de la dimension autobiographique du film, il était logique que le récit se passe dans les années 70, mais n’avez-vous pas peur que les enfants de la génération actuelle soient laissés sans repère ?

    Il y a une théorie qui dit que plus une histoire est ancrée dans une époque précise et dans un lieu précis, plus l’identification est possible. Ces éléments de décor années 70 font sourire les personnes qui ont entre 40 et 60 ans mais les enfants ne perçoivent pas vraiment l’intérêt de ce décor. Non seulement, ça ne les désoriente pas, mais en plus, ça peut amener à des discussions. À cette époque-là, les voitures étaient comme cela, les télévisions comme ceci, IKEA n’avait pas été inventé, ni internet.

    Comment les enfants reçoivent-ils ce film qui touche tout de même un sujet relativement triste ?

    Ils le reçoivent avec sourire et avec tristesse. Mais ils acceptent cette tristesse. Ce sont les parents qui ont plus de mal. Ils veulent surprotéger les enfants et aller voir un film sur une maman qui n’est pas là, leur semble parfois une épreuve. Et pourtant, les enfants sont tout à fait prêts. Cela leur ouvre l’esprit et permet des discussions.

    Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill était nominé aux Césars ?

    Et bien, j’étais en train d’étendre mon linge, et il y avait i>télé qui crachait en direct le nom des nominés et j’ai été très surpris et très heureux. Ce qui est bien, c’est comme le titre du film est long, quand il est énoncé, tu as le temps de comprendre que c’est toi qui l’a écrit, d’être surpris, de te réjouir, etc. Mais honnêtement, je ne pense pas qu’on va l’avoir. Je dirais qu’on a 10% de chance de l’obtenir.

    Par la suite, est-ce que vous pensez donner suite aux aventures de votre alter ego des années 70 ?

    C’est ce que les enfants qui voient le film me demandent à chaque fois ! Mais je ne pense pas, non. C’est-à-dire que les événements qui sont arrivés ensuite sont beaucoup moins rigolos et ce serait vraiment tragique. Après, cela pourrait être tout à fait fictionnel, mais je n’ai pas encore trouvé la bonne idée. Actuellement, je me penche vraiment sur d’autres récits. Il y a tout de même une partie de ma vie que j’ai envie de raconter mais je n’ai pas encore trouvé comment. Là, c’est l’histoire d’un petit enfant qui n’a pas de maman, mais ensuite, ma vie est devenue celle d’un enfant qui avait plein de mamans !

    Propos recueillis par Quentin Geudens

    Quentin Geudens
    Quentin Geudens
    Journaliste du Suricate Magazine

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