Comme nous vous en parlions il y a quelques jours, le 26 et 27 avril prochains se tiendra la 13ème édition de la convention ProRésiste à Soignies. Pour cette occasion, nous avons souhaité parler de cet évènement avec l’un des organisateurs, Bernard Vincken, qui a aimablement accepté de répondre à nos questions.
Bonjour, Bernard!
Tout d’abord, peux-tu nous expliquer ce qu’est Prog-résiste? Comment ça a commencé? Votre but? , …
L’aventure Prog-résiste a commencé en 1995, sous l’impulsion de Denis Petit. Aujourd’hui, nous bouclons le n° 76 de ce trimestriel de 132 pages imprimé de façon professionnelle et concocté avec ardeur par une équipe d’une vingtaine de passionnés au service du Rock Progressif.
D’où est née cette convention?
Prog-résiste s’est donné comme objectif la promotion des musiques progressives. Quoi de mieux pour compléter le magazine que de présenter à ses lecteurs quelques-uns des groupes qui font vivre le Rock Progressif ? C’est comme cela que la première convention est née, en 2000. Pour en arriver, ce week-end des 26 et 27 avril à Soignies, à sa 13è édition !
Pourquoi le nom de convention plutôt que festival?
Depuis 2013, nous avons changé de partenaire. Avec Alter-Ego et les Centres Culturels de Soignies et de La Louvière, nous avons voulu renforcer encore le côté « convention ». Si un festival aligne les concerts, la Convention Prog-résiste, telle que nous la concevons poursuit une quadruple ambition:
– Informer à propos du Rock Progressif : son histoire, son avenir, ses développements.
– En rencontrer les acteurs : les musiciens, les amateurs, les différents intervenants.
– Expérimenter : s’exprimer, interagir avec cet environnement qui nous passionne.
– Ancrer cette relation : que chaque édition étoffe cet enthousiasme, nous fasse progresser et… revenir.
Qu’est-ce que l’on peut y trouver?
De quoi répondre à ces quatre objectifs ! Des groupes qui ont fait l’histoire du Rock Progressif et, surtout, qui en écrivent les pages actuelles et préparent son évolution. Des événements pour apprendre, comprendre et échanger entre acteurs de ce style musical particulièrement fécond : conférences, interviews, démos, expos. Des stands (CDs, livres, vinyles, dédicaces…) et un bar/resto convivial pour favoriser les rencontres.
Quel public touchez-vous?
Nous touchons bien entendu un public amateur de Rock Progressif, dont un socle de (fidèles) lecteurs de Prog-résiste. La plupart viennent de France ou de Belgique, certains des pays limitrophes et parfois de très loin : Canada, Brésil, Japon ! A l’occasion de la relocalisation à Soignies, nous avons touché la curiosité d’un nouveau public, notamment de la région, plus jeune et avide de découvrir.
Que penses-tu du renouveau du rock progressif de nos jours?
La culture évolue sans cesse et c’est une de ses caractéristiques les plus réjouissantes. C’est le cas de la musique également. Cette transformation peut se faire de façon brutale, comme avec le tabula rasa de la Musique Contemporaine après 1945 ou le Punk en 1977. Le Rock Progressif a participé au renouvellement du Rock et l’a enrichi de sa complexité, de son sens de la recherche et de sa créativité – il l’a parfois débordé de son maniérisme, mais l’excès est le revers de l’inventivité. Ses spécificités le destinent à des retours réguliers dans l’actualité musicale comme source d’inspiration d’artistes de divers genres – même si ces références s’avèrent parfois indirectes ou implicites.
Penses-tu que le public revient vers ce style? Ou est-ce malgré tout un style marginal?
A la fois c’est un style qui sous-tend de nombreuses productions depuis 1970. Le public l’a délaissé lors du No Future, par réaction aussi épidermique que poseuse, mais y revient chaque fois qu’on parle de musique un peu plus agile, un peu plus délicate, un peu plus touffue. En même temps, c’est un style marginal car peu adapté au dispositif commercial de la plupart des radios – quoique, avec l’émergence des radios web, libérées des contraintes marchandes, on peut espérer…
Quels sont les groupes de progressif qui t’ont marqué?
Il y en a une série, dont les classiques que sont (les premiers albums de) Genesis, Pink Floyd, Yes, Soft Machine ou King Crimson. J’ai un faible pour Lagger Blues Machine, que je cite, non pour son côté obscur (un album – mal – produit en 1972), mais parce qu’il s’agit de mon tout premier 33 tours, usé jusqu’à la corde, racheté en vinyle, puis en CD et qui, encore aujourd’hui, retrouve ma platine avec un bonheur certain. Et puis il y a les autres « marginaux », comme Cos, Nuit Câline à la Villa Mon Rêve, Arkham ou L’Effet Défée…
Avez-vous des contacts avec certains artistes connus?
Oui, bien sûr, c’est un des « privilèges » du chroniqueur ou de l’intervieweur. Quoique « connu » puisse être sujet à interprétation.
La convention se déroulera au Centre Culturel de Soignies, pourquoi ce lieu?
Le Centre Culturel de Soignies présente plusieurs avantages. Sa position centrale d’abord : à 50 km de Bruxelles, 20 km de Mons, 40 km de France – près de la moitié des lecteurs de Prog-résiste sont Français. Son accessibilité ensuite : le parking est facile, le train n’est pas loin et deux aéroports internationaux sont à 30 min de là. Et puis, il y a son confort. L’infrastructure est contemporaine et adaptée, la salle bénéficie de places assises. Outre la salle de concert elle-même, nous exploitons les différents espaces : conférences et interviews, exposition et convivialité avec les stands et le bar/resto. Cette année, nous nous ouvrons même sur la ville avec un concert d’ouverture (gratuit !) sur l’esplanade le samedi à 13h00 et le dimanche à 12h00.
Parlons un peu du programme:
Le programme ? Il est trop !
The FLOWER KINGS, un des groupes majeurs du renouveau du Rock Progressif illuminera la soirée du samedi, alliant avec vigueur sens de la mélodie et habileté technique. Avant lui, Fabio ZUFFANTI, le Mozart du Prog italien (à l’origine de Finisterre, Höstsonaten ou La Maschera Di Cera), nous partagera son tout nouvel album. Ses apparitions sont trop rares : SETNA, dont le splendide 2è opus vient de sortir, développera son style si particulier, point de rencontre Canterbury et Zeuhl. Les déjantés de Jack Dupon nous auront secoués en début d’après-midi avec leur musique aussi brindezingue que louftingue – Zappa ne sera jamais loin. Et, à l’heure de l’apéro (des bulles ! des bulles !), KEEP IT DEEP inaugurera l’Esplanade, avec cette maîtrise instrumentale toute au service de l’humour qui le caractérise.
Dimanche, The WATCH est particulièrement attendu : non seulement le groupe réinterprétera le superbe Foxtrot de GENESIS avec cette proximité touchante qui lui est spécifique, mais il nous amènera de ces nouveaux morceaux dont on se dit souvent « si Peter Gabriel était resté, voilà ce que ça aurait donné ». LAZULI, en estimable héritier d’Ange et Atoll, mêlera poésie du verbe, énergie et sonorités uniques – l’improbable et absolue Léode – avec l’enthousiasme qui transforme chacun de ses concerts en incontestable fête. La COSCIENZA DI ZENO, aux racines bien immergées dans la grande tradition italienne symphonique déploiera ses ambiances troublantes et inspirantes après le savant mélange de rigueur et d’improvisation, de tension et de mélodie de CARPET, ce jeune groupe allemand qui réinvente à Augsbourg ce qu’une poignée d’artistes intellectuels avaient fomenté à Canterbury fin 1960s. Et, à l’heure de l’apéro (des bulles ! des bulles !), The NARCOTIC DAFFODILS inondera l’Esplanade de se poésie sauvage et sensible, ses grooves narcotiques, hypnotiques, psychédéliques.
Occasions de partage et de contact, après le concert, les groupes répondront volontiers aux questions du public – et de nos interviewers, qui traduiront J. Luthier et musiciens nous offriront des démos (sitar, Léode) tout au long du week-end. A ne pas manquer : samedi, la conférence de Marc YSAYE (Machiavel, Classic 21), qui nous entretiendra de son parcours et de ses aventures musicales, moment rare de proximité avec une personnalité attachante du paysage musical. Et dimanche, la double intervention de Piero KENROLL (journaliste Rock à Moustique de ’69 à ’81) et Philippe GROMBEER (Ferme V, Halles de Schaerbeek, Théâtre des Doms) sur une aventure unique : l’organisation du premier concert de GENESIS en dehors d’Angleterre, en mars 1971, dans une maison des jeunes bruxelloise pas comme les autres. Ce sera d’ailleurs le thème de l’expo à découvrir sur les murs du Centre Culturel de Soignies.
Malgré l’étiquette « rock progressif » qu’ont tous ces groupes, je suppose que chacun a son identité propre.
Bien vu !
Progressif pur jus avec The FLOWER KINGS, The WATCH ou Fabio ZUFFANTI + Band, tendance plus Symphonique avec La COSCIENZA DI ZENO, prédisposition Psychédélique avec The NARCOTIC DAFFODILS, Canterbury avec CARPET et option Zeuhl avec SETNA, Rock In Opposition avec JACK DUPON, Crossover avec KEEP IT DEEP, plus éclectique avec LAZULI… c’est une des spécificités de la Convention Prog-résiste : faire découvrir.
Avez-vous déjà des idées pour l’année prochaine?
Ouiii ! Des contacts sont déjà en cours. Mais, même si la curiosité est un excellent défaut, il est encore un peu tôt pour en parler. Alors, pour se tenir informé, le mieux c’est de liker la page www.facebook.com/progresiste.
Merci Christophe pour cette agréable interview, et au plaisir de te retrouver, toi et tes lecteurs : SEE YOU SOON IN SOIGNIES!
Pour plus d’infos, rendez-vous sur le site de Ticketnet