Alors que Gary se jouera aux Halles de Schaerbeek les 12 et 13 février, nous avonsrencontré sa créatrice, Nadia Schnock pour nous entretenir avec elle de performance, de cinéma et d’inconscient collectif.
Gary a un rapport très marqué avec le cinéma. Comment articulez-vous ce rapport au 7ème Art à travers les moyens offerts par le scène sans passer par la projection ?
Le cinéma est utilisé à travers plusieurs références : l’image, le costume la lumière et aussi à travers le son. Les dialogues sont extraits de deux films en particulier qui sont joués en play-back par les comédiens. On arrive à une sorte de montage qui introduit différents éléments qui fait qu’on raconte une histoire qui se présente sous la forme d’un patchwork.
Quel rapport le cinéma peut-il avoir par rapport à l’inconscient collectif ?
Dans les projets précédents j’ai utilisé de la musique populaire. Je me suis rendu compte que c’était quelque chose qui faisait partie d’un inconscient collectif. Je me suis demandé si on pouvait transposer cette idée pour le cinéma. Finalement, je me suis rendu compte que ce n’était pas vraiment la même chose parce que la musique est un médium beaucoup plus large. En ce qui concerne le cinéma, il faut prendre la décision d’aller ou de ne pas aller voir un film. Mais en même temps, on a des idées sur qu’est le cinéma comme pour le film noir par exemple. Certains clichés ont été cassés dans le processus du projet.
Vous utilisez des références très précises…
Pour Gary, je n’ai pas voulu utiliser des scènes de référence du style « You fuck my wife ! ». J’ai voulu aller plus dans le sous-texte et l’ambiance. Dans le cas du Village des damnés où on retrouve ces enfants blonds très inquiétants, ça brasse une imagerie forte et complexe avec les blondes d’Hollywood, le costume strict de Vertigo, qui offrent plein de pistes de travail. J’y mets mon image personnelle mais chacun vient y projeter ce qu’il y voit. J’explore beaucoup le cinéma des années 40 et 50 ainsi que la comédie musicale avec des parties chantées et dansées.
Qu’est ce que le cinéma peut apporter au théâtre et à la performance ?
C’est compliqué. Je me suis confronté à cette question. Le cinéma fonctionne d’une certaine manière avec des découpes. C’est impossible d’obtenir ça en théâtre à moins d’avoir une machinerie très complexe. Je me suis retrouvé face au problème du rythme car les rythmes du théâtre et du cinéma ne sont pas du tout pareils. Le théâtre prend le temps d’installer alors que le cinéma est beaucoup plus rapide. Les deux ne sont pas toujours compatibles.
Gary est chanteur et vous utilisez des extraits sonores de films. En quoi tient cette grande importance apportée à la dimension sonore et à la voix ?
Il y a plusieurs choses. Gary interprète un personnage mais les personnages féminins autour de lui incarnent plusieurs personnages différents. Elles sont comme des enveloppes qui reçoivent des voix. En fonction de la voix qu’elles prennent, elles ont une physicalité différente sans même la jouer particulièrement. Il y a aussi la voix chantée et ce moment que je trouve magique où quelqu’un qui paraît simple développe une aura et un charisme incroyables dès qu’il se met à chanter. C’est aussi un élément que je recherche même si le comédien n’est pas un chanteur professionnel en soi. Il a donc une certaine fragilité mais c’est un moment où on bascule.