Johan Heldenberg : « Si j’étais Dieu, je me suiciderais. »
Johan Heldenberg est un acteur de théâtre et de cinéma belge connu pour La Merditude des choses, Alabama Monroe mais aussi Ben X ou encore Hasta la vista. Dans Le Tout Nouveau Testament, il interprète un prêtre qui accueille … Dieu.
Rencontre express avec cet acteur qui transpire la belgitude.
Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?
Trois semaines avant le tournage, Jaco m’a contacté en me disant qu’il avait un scénario et qu’il pensait à moi pour un jour de tournage avec Benoît Poelvoorde. Qu’est-ce que je pouvais bien répondre à ça, si ce n’est un grand « oui » ! J’étais vraiment honoré. Ce n’était qu’un jour de tournage, mais j’étais enchanté.
Qu’est-ce qui vous marque le plus dans cette histoire ?
Le ton. C’est un très beau sujet. On ne parle pas vraiment de religion mais bien du monde de maintenant. C’est génial de pouvoir rigoler de Dieu comme ça, sans se prendre la tête. C’est un film qui combine une très grande intelligence et l’univers si particulier de Jaco (Van Dormael). C’est très belge, « magrittien », surréaliste, absurde.
Et puis, je trouve qu’il a trop peu de métissages entre la culture flamande et la culture wallonne depuis la réformation de l’Etat. Et j’en suis très déçu. Avec Le Tout Nouveau Testament, c’était l’occasion rêvée ! Et j’ai dit à Jaco que j’allais prendre des cours intensifs de français pour qu’il puisse m’appeler quand il veut. Et je serai là s’il m’appelle !
Pouvez-vous nous décrire votre personnage ?
C’est un type qui se retrouve d’un coup face à sa vie et ses émotions. Sans le vouloir, il rencontre son idole. Imaginez-vous, un prêtre qui rencontre Dieu… et c’est un salaud ! En quelques secondes, tout le monde de ce type se brise en mille morceaux.
Comment s’est passée votre confrontation avec Benoît (Poelvoorde) ?
C’était génial ! Je suis un grand fan de Benoît. Et, franchement, je n’ai eu qu’à attendre qu’il joue et à réagir naturellement. Il est très fort !
Si vous étiez Dieu et que vous habitiez Bruxelles, que feriez-vous ?
Je ferais Bruxelles sans voiture ! Mais aussi je me suiciderais. De manière à ce que tout le monde sache que je n’existe plus. Et cela donnera aux gens la liberté d’être eux-mêmes.
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Jaco Van Dormael : « Si j’étais Dieu, je m’abstiendrais ! »
Le réalisateur de Mr Nobody, Le Huitième jour et Toto le héros n’est évidemment plus à présenter. Mais malgré sa notoriété, il demeure un personnage simple, surprenant et très touchant au travers de ses histoires poético-surréalistes.
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Comment en êtes-vous arrivé à écrire Le Tout Nouveau Testament ?
Tout est parti d’une phrase proposée par Thomas (Gunzig) : « Dieu habite à Bruxelles ». Puis il y a eu une sorte de surenchère. Et il y a aussi cette phrase de Woody Allen qui est revenue : « Si Dieu existe, il a intérêt à avoir de bonnes excuses ». Nous étions assez d’accord avec ça !
Et à partir de ce moment-là nous nous sommes mis dans le jardin avec Thomas et on s’est échangé tout ce qui nous passait par la tête en essayant de se faire rire. Et c’est comme ça que c’est devenu une comédie. Je crois que si j’avais écrit tout seul, ce ne serait pas une comédie.
Comment Dieu a-t-il pris les traits de Benoît Poelvoorde ?
Je n’écris jamais en pensant à un acteur en particulier. J’aurais trop peur qu’un acteur refuse une de mes propositions. Et franchement je ne pourrais pas m’en remettre. Donc c’est une fois le scénario écrit que j’ai demandé à Benoît s’il voulait en faire partie. Il a dit oui tout de suite. À partir de ce moment-là, l’acteur devient irremplaçable pour mon personnage. C’est un véritable mariage.
Et Benoît est formidable là-dedans car il est adorable dans la vie et pourtant, il incarne magnifiquement les méchants ! Il fallait quelqu’un qui pouvait mettre une vraie pression sur la fille de Dieu pour qu’elle ait une véritable raison de se révolter. Pour une histoire de rebelle, il faut d’abord un bon méchant.
Quel message transparaît, pour vous, dans Le Tout Nouveau Testament ?
Le message est surtout dans la structure. Elle est épisodique et tout se passe au moment présent. Le message qu’apporte la fille de Dieu c’est que, le Paradis, c’est ici et maintenant. Et que nous avons intérêt à être en vie maintenant. Dans le film, dès que les personnages apprennent leur date de décès, ils deviennent vivants.
Comment expliquez-vous cet hétéroclisme dans le film au niveau du casting et des situations ?
Il y avait une véritable volonté de mixer les accents. Néerlandophones, francophones, de Belgique, d’ailleurs. Je voulais faire un film sur Bruxelles.
Si vous connaissiez votre date de décès, que feriez-vous ?
Je ne ferais rien le plus longtemps possible !
Et si vous étiez Dieu et que vous habitiez Bruxelles, que feriez-vous ?
Je m’abstiendrais.
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Laura Verlinden : « Si j’étais Dieu, j’utiliserais ma magie pour faire de belles choses. »
Discrète, toute en douceur et pleine de talent à la fois, la jeune Laura Verlinden est encore peu connue dans le monde culturel francophone. Elle en est pourtant déjà à son huitième film parmi lesquels Ben X, Loft ou Image. Et elle n’est pas prête de s’arrêter là.
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Comment êtes-vous devenue une apôtre dans Le Tout Nouveau Testament ?
Mon agent m’a en fait dit qu’ils cherchaient quelqu’un pour le rôle d’Aurélie et je me suis dit que ce serait génial de pouvoir travailler avec Jaco. D’autant que j’adore son travail. Et deux heures après, Jaco m’appelait. Autant vous dire que j’étais très nerveuse et surexcitée. Après, nous nous sommes rencontrés pour un « casting ». D’habitude, dans ce genre de situation, on s’attend à quelque chose de très froid avec une caméra, des gens qui vous observent, … Mais ici c’était très chaleureux : dans son jardin avec sa fille ! Et dès la deuxième rencontre, il m’a dit que nous allions travailler ensemble. Quel bonheur !
Qu’est-ce qui vous plaît dans Le Tout Nouveau Testament ?
Ce que j’aime surtout c’est cette palette de petites choses très touchantes qui se regroupent pour faire un tout très poétique et très beau.
Et dans votre personnage ?
Avec Aurélie, ce qui m’a touché c’est le fait qu’elle ne croît pas en l’amour. Elle n’ose pas vivre. Elle se renferme sur elle-même pour de mauvais raisons. Mais avec les événements du film, elle se révèle au monde. C’est une idée très romantique.
Comment décririez-vous la relation entre Aurélie et le personnage joué par François Damiens ?
C’est très étrange car elle tombe amoureuse de son assassin. C’est une relation forcément atypique et bizarre, ce qui en fait une relation intéressante. Je pense qu’il y a quelque chose qui se joue entre l’amour et la mort. On peut perdre les personnes qu’on aime très vite. Et comme le dit Jaco dans Mr Nobody : il faut toujours dire aux personnes que tu aimes que tu les aimes.
Quelle lecture faites-vous du film ?
Je pense que chacun y trouve un message qui lui correspond. Mais pour ma part je pense que le film encourage à voir la pureté et la beauté du monde. Il faut se réjouir de faire partie de ce monde et rester toujours optimiste.
Si vous étiez Dieu et que vous habitiez Bruxelles, que feriez-vous ?
Je volerais ! Et je ferais de la « magie ». Dès que je voudrais faire quelque chose, changer quelque chose je pourrais le faire avec un peu de magie. Mais seulement pour faire de belles choses, pas comme dans le film.
Et si vous connaissiez la date de votre décès, que feriez-vous ?
Je pense que j’irais juste ailleurs. Je partirais quelque part où je me sens bien avec tous les gens que j’aime. Et je ferais sans doute des choses stupides aussi. Toutes les choses que je n’ai jamais osé faire.
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Yolande Moreau : « Si j’étais Dieu, je ferais un « reset » »
Figure emblématique du cinéma, Yolande Moreau compte plusieurs dizaines de films à son actif et s’inscrit dans un hétéroclisme certain. Une fois encore, elle interprète un rôle hors du commun : la femme de Dieu !
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Comment avez-vous débarqué sur le projet ?
Jaco, je le connaissais depuis longtemps. Un jour, nous nous sommes croisés et il m’a demandé si je voulais jouer la femme de Dieu. Ça ne se refuse pas ! J’ai assimilé ce rôle à celui d’une femme battue, qui passe entre les gouttes, qui a toujours peur du conflit, qui ne prend pas position, qui ne dit rien.
Qu’est-ce qui vous plaît dans ce scénario ?
C’est le message « philosophique » qu’il y a derrière : qu’est-ce que l’on fait de notre vie finalement ? Il y a évidemment plusieurs lectures possibles. Mais c’est un thème cher à Jaco. Et cette idée de balancer à tout le monde sa date de décès, ça implique l’idée de la vie sur Terre et de sa valeur. Le thème même de la religion n’est pas du tout important.
Comment s’est déroulée votre collaboration avec Benoît (Poelvoorde) ?
Nous avions déjà tourné un peu ensemble sur Louise-Michel. Mais ici c’était tout à fait différent. Et j’adore ! C’est un immense acteur. C’est génial qu’il soit dans le film. Qu’il interprète Dieu et que ce soit un salaud, c’est juste génial ! Il apporte une partie grinçante et déjantée au film. Et ce couple entre lui qui est une boule de nerfs et mon personnage qui est un ventre mou, c’est juste parfait !
Que feriez-vous si vous étiez Dieu ?
Et bien, le film nous apprend que ce n’est pas Dieu qui peut tout faire. Nous sommes maîtres de ce que nous faisons. Mais si c’était lui qui faisait vraiment tout, il y a sûrement beaucoup de choses à reprendre ! Je ferais sans doute un « reset ».
Propos recueillis par Quentin Geudens