Février. Ciel gris et pluie battante dehors, on se cale dans un fauteuil et on se lance dans l’écoute de Filles, un morceau des bruxellois de Rive, qu’on nous a proposé de découvrir. Il ne faut pas une minute avant d’être complètement charmé par les magnifiques textes de Juliette et sa voix éthérée, portée par les superbes arrangements de Kévin. J’enchaîne sur Fauve (« l’azur se sauve, la nuit est fauve, nos corps ne se retrouvent plus »), puis je tombe sur Vermillon, qui a été écrit en 2017. Waouw. Fort d’une dualité qui ne tient pas seulement parce que le groupe est… un duo, Rive nous transporte entre terre et eau, entre rêve et réalité. Entre les racines et la vie qui en sort. C’est le genre de groupe qui emmène dans un voyage lointain, céleste, où on se laisse bercer par des mélodies qui se font rêveuses tandis que les textes forts sont là pour nous réveiller.
Avec un premier album Narcose qui vient tout juste de sortir (release party au Botanique le 14 mars !), l’occasion pour nous était trop belle de les rencontrer et de discuter avec eux de leur « pop de rêve », le temps d’un café…
Salut Rive ! Je vous avoue : je ne vous connaissais pas mais je vous ai découverts récemment sur Youtube, avec ce single ‘Filles’. Vous pouvez vous présenter ?
Juliette : Moi, c’est Juliette, je suis au chant, à la guitare et au piano. Kevin, lui, est à la batterie, au clavier et aux arrangements. Au niveau des compos, j’écris plutôt les mélodies, les paroles tandis que Kévin s’occupe plutôt des arrangements. On fait tout à deux. On enregistre tout chez nous, on est à deux sur scène.
Vous avez toujours fait de la musique ?
Juliette : On a déjà fait pas mal de projets ensemble (pop rock anglais, etc). J’ai étudié la sociologie mais j’ai toujours fait de la musique en parallèle.
Kévin : De mon côté, et bien comme tout le monde, j’ai joué dans des groupes avec des copains au début, puis cette passion m’est restée et je me suis professionnalisé. J’ai décidé d’en faire mon métier…
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Juliette et Kévin : On s’est rencontrés à l’université. A l’époque, il y a une dizaine d’année, Juliette cherchait un groupe en Bretagne et on s’est trouvé via une petite annonce. A la base, on était 4 puis on s’est retrouvés à deux et ça a très bien fonctionné en duo. On a fait plusieurs projets ensemble. Ah oui, et on est devenus colocs en fait ! Rive, c’est notre projet.
Pourquoi ce nom de groupe, « Rive » ?
Juliette : La rive, c’est la limite entre la terre et l’eau : ça correspond bien à l’ambiance du projet : l’eau, c’est l’imaginaire, le mouvant,… La terre, c’est le côté plus concret, mais aussi l’endroit d’où on vient. Notre musique est assez ancrée dans les problématiques de notre société. Je suis une militante ! Il y a aussi le côté très poétique des paroles. La façon dont c’est raconté, ça peut aussi t’emmener vers d’autres choses. L’idée, c’est que les gens s’approprient les morceaux, les paroles, la musique, et y mettent leurs propres mots.
Chanter en français, c’était une évidence ? Ça vous est venu naturellement, spontanément ? Ou bien c’était votre côté engagé, défendre votre langue maternelle ?
Kévin : On chante en français mais on a clairement des influences anglophones et on écoute beaucoup de groupes anglais. Le but justement dans notre projet, c’est de ne pas mettre de côté la musique pour mettre en avant la voix… comme ça se fait souvent en France par exemple où la voix est mise très en avant au détriment du texte, plus en retrait. On veut mettre la musique au même niveau que la voix, ce qui crée un effet dans notre musique parfois surprenant. On veut offrir des textes imagés, avec un sens profond. On essaye de trouver cet équilibre, entre des textes forts, engagés et une musique bien produite.
Juliette : Comme le français est ma langue maternelle, je n’ai pas le droit à l’erreur. Je sais exactement ce qu’il faut dire pour faire passer des choses, quel registre utiliser… c’est une force. Après ça veut pas dire que tu ne te trompes pas ! (rire) mais tu perçois clairement ce que ça renvoie. Les arrangements sont là pour mettre en avant le texte et la voix mais les arrangements ont aussi leur histoire. Tout cela repose sur un équilibre assez fragile entre les deux, subtil, pas toujours simple parce qu’on veut laisser la place aux deux.
Si on devait vous mettre une étiquette ? Vous êtes un groupe électro pop ?
Kévin : On nous met des tas d’étiquettes : dream pop, electro pop ou encore français tout simplement. Pour nous, peu importe tant que les gens écoutent. Par exemple, on a été nommé aux Octaves de la musique et à chaque fois, on a été repris dans la catégorie « chanson française » ! (rire)
J’ai regardé les clips de Fauve, Filles et Justice. L’esthétique des images est frappante ! L’équipe avec laquelle vous travaillez, Temple caché, donne un vrai plus artistique visuel à vos compositions. Les différentes symboliques sont très riches. Comment travaillez-vous avec eux ?
Juliette : On se connaît bien, on a déjà travaillé sur d’autres projets avec eux et on se comprend. On leur fait totalement confiance, ce sont des amis. Sur Justice, on voulait tester le collage. Sur Fauve c’était : carte blanche ! On leur a dit : si vous avez envie de tester des choses, alors allez-y ! On vous fait confiance. Du coup, on a essayé la 3D. Et sur Filles on a voulu retrouver le collage parce qu’on aimait beaucoup cette technique. Rive, c’est une musique assez imagée et poétique, et le clip nous emmène dans cette voie-là, ça prend tout son sens. Le clip de Vogue a été réalisé avec une amie, et on a été très ému par le résultat de son travail.
Le titre Filles aborde le sujet du féminisme, c’est clairement le thème central du morceau. Rive, vous êtes un groupe engagé ?
Juliette : c’est lié à ce que je suis ; j’ai toujours milité dans des assoc’. Je suis féministe depuis que je suis ado, et j’ai beaucoup écrit sur ces sujets. Il était donc normal que notre musique renvoie ces choses-là. Il y a un aspect un peu sombre dans notre musique, vu les constats qu’on fait sur notre société : par exemple dans Justice : une société où tout va très vite, où on est pris dans un tourbillon, mais avec toujours une note d’espoir. On voit bien que l’action collective contre les inégalités, le racisme, les problématiques liées au climat… ça marche ! Les marches pour le climat, ce sont des leviers qui fonctionnent. La troisième vague féministe est en cours ! Si je suis là en ce moment, en face de toi, en train de te parler de notre album, c’est bien parce que des femmes se sont battues pour leurs droits et c’est grâce à elles que je suis là. Donc on voit bien que ça fonctionne ! La pochette de notre album illustre l’humain et ses fêlures, mais aussi les femmes face aux violences. On voit ces paysages arides et secs, mais derrière il y a ce soleil, ces couleurs, cette puissance de vie qui est là et qui peut tout changer.
Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?
Kévin : On aime beaucoup Odezenne, qu’on a été voir à l’AB. On a aussi vu Atome, avec Aurele, au Botanique pour la scène bruxelloise. On aime découvrir les artistes de la scène bruxelloise et belge en général, comme Glauque, grâce aussi au festival Propulse.
Juliette : De mon côté, j’écoute beaucoup de bossa nova, Tom Jobim ou alors des classiques comme A girl from ipanema, Manha de carnaval,… En mars, on va faire une tournée au Brésil ! Après, on écoute aussi Clara Luciani, pas parce qu’on fait sa première partie mais parce qu’on aime beaucoup. Une de nos références, c’est le groupe Air avec leur côté nébuleux, magique, poétique,… La chanson Playground love de Virgin Suicides est fondatrice de mon identité.
Cela influence-t-il votre album ?
Juliette et Kévin : notre album est fait de plein d’influences différentes. Cet album a été écrit sur deux ans, pendant qu’on était en tournée. Par exemple, Soldat est beaucoup plus inspiré hip hop, Croisade a des petites influences de James Blake. L’écriture de Soleil est plus classique, je l’ai créée alors que j’étais en résidence au Québec au bord du fleuve St Laurent, avec des rimes, une écriture assez cadrée, même si le contenu est assez impressionniste, lié à l’imaginaire. Tous ces voyages ont influencé notre écriture. Grâce à l’EP Vermillon, on a été 3 semaines en Chine, en Suisse, trois fois au Canada pour une tournée d’un mois et demi. C’était fou, incroyable, tu rencontres plein de groupes différents, et ça t’inspire, c’est très motivant !
Vos objectifs à venir ?
Kévin : A court terme, on va sortir notre album, puis tourner en France et en Belgique au printemps et en été. Même si on est en auto-production, on est très bien entourés avec This Side Up pour la presse, Xavier Wilkin de Live Nation, et notre manager, Julien Farinella. C’est une très bonne équipe, qui soutient le projet depuis le début. On va certainement écrire en tournée car tout cela va nous nourrir. Et en avril/mai, on voudrait enregistrer deux nouveaux morceaux.
Date de sortie album : 1er mars 2019
Release party : 14 mars 2019 au Botanique !
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Concerts et festivals :
14/03/2019 • Bruxelles • Botanique – Rotonde (RELEASE PARTY !)
16/03/2019 • Maputo, MZ • Fête de la francophonie
20/03/2019 • Rio, BRA • Fête de la francophonie
22/03/2019 • Brasilia, BRA • Fête de la francophonie
24/03/2019 • Goiânia, BRA • Fête de la francophonie
26/03/2019 • Bélem, BRA • Fête de la francophonie
28/03/2019 • Belo Horizonte, BRA • Fête de la francophonie
03/07/2019 • Lautrec, FR • Café Plùm (Pause Guitare)
04/07/2019 • Albi, FR • Festival Pause Guitare
21/07/2019 • Francofolies de Spa