Jean-Michel Jarre, c’est 50 ans de musique, près de 80 millions d’album vendus (!) dont les célèbres Oxygène (1976, 18 millions de copies…) et Equinoxe (1978) mais c’est aussi un nombre incroyable de concerts à travers le monde, dans des lieux emblématiques comme la Cité interdite à Beijing, les pyramides d’Egypte, le désert du Sahara et plus récemment l’Arabie Saoudite devant une audience mixte de 50.000 hommes et femmes… Ses performances sont souvent dignes des plus grands superlatifs, à raison.
Pionnier, génie de la musique électronique, créateur, visionnaire mais aussi artiste engagé car il est ambassadeur de bonne volonté à l’UNESCO et président de la CISAC (Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs et Compositeurs), association qui défend les droits des créateurs devant, entre autre, le Parlement européen.
Il est impossible de résumer sa carrière en quelques phrases tant son parcours est… tout simplement énorme ! Saviez-vous qu’il a produit, composé et écrit pour les artistes français Christophe (Les Paradis Perdus et Les Mots Bleus), Françoise Hardy et Gérard Lenorman ? Qu’en 1981, il est devenu le premier musicien occidental autorisé à jouer dans la Chine de l’après-Mao ? À cette occasion, Jean Michel Jarre a fait découvrir le synthétiseur aux chinois. Le titre Arpégiateur, extrait de l’album Les concerts en Chine (1982), a été utilisé dans la bande originale du film à scandale 9 semaines et demi, avec Kim Basinger et Mickey Rourke. En 1983, Jean-Michel Jarre a écrit un album Music for Supermarkets qui a été tiré à … un seul exemplaire ! Cet album est devenu le plus cher de l’histoire du disque. L’homme détient le record Guiness book de la plus grande affluence : son concert pour la célébration du 850ème anniversaire de la ville de Moscou en 1997 a attiré près de 3,5 millions de personnes !
Jean-Michel Jarre était de passage à Bruxelles pour faire la promo de son nouvel album, et nous a offert une écoute intégrale de son nouvel album Equinoxe Infinity, en avant-première. Alors, quand on se retrouve dans une minuscule salle du cinéma Palace Brussels (presque entre copains !) face à un tel monument de la musique, car il n’y a pas d’autres mots, deux sentiments s’imposent : le respect et, forcément, une immense curiosité.
Equinoxe Infinity est en quelque sorte la suite de l’album Equinoxe, sorti quelques 40 ans plus tôt et dont les plus de 30 ans se souviennent peut-être. La pochette est un petit clin d’œil à la pochette de l’album Equinoxe de 1978 et montre des « watchers » (observateurs), qui nous regardent, jumelles vissées aux yeux, et provoquent un vague sentiment de malaise. Le visuel évoque deux mondes possibles en lien avec la technologie et l’environnement : l’un empathique, évolutif et excitant, l’autre plus sombre et négatif.
L’album est divisé en dix mouvements, et bien malin celui qui parviendra à saisir le passage de l’un à l’autre, tant les rythmes des morceaux varient et les transitions se dissolvent dans un univers hypnotisant, aérien. Car si les sonorités de ce nouvel album font largement écho à celles d’Equinoxe, les rythmes sont plus marqués et le ton des mouvements est très moderne. On navigue pendant près de 40 minutes sur une nappe de synthétiseur(s) qui nous transporte vers différentes émotions ; la musique est tantôt lancinante et hypnotique, tantôt plus percutante et directe.
Le lyonnais a ensuite bien voulu répondre à quelques questions de l’assistance.
Comment avez-vous conçu Equinoxe Infinity ?
J’ai écrit et abordé cet album comme une musique de film. La maison de disque m’avait imposé une échéance pour le terminer – je ne suis pas habitué à cela – mais par chance j’ai bénéficié d’un peu de temps supplémentaire, ce qui m’a permis d’opérer quelques finitions et de peaufiner chaque détail de l’album ! C’est un album très abouti, et je n’y changerais pas une seule note !
Avec une pochette aussi intrigante, avez-vous un message en particulier à faire passer ?
Je n’aime pas donner de message dans mes albums, comme le font parfois certains groupes de rock plus engagés sur certaines questions. Il n’y a pas de message particulier dans cet album, il s’agit plutôt d’une histoire, que l’auditeur peut construire et interpréter lui-même à partir des mouvements. « Equinoxe Infinity » parle de l’interdépendance entre la nature et la technologie, avec deux visions possibles du futur ; l’une négative et noire, l’autre où la technologie et la nature peuvent être complémentaires.
Cet album ressemble par beaucoup d’aspects à Equinoxe. Etes-vous conscient que vos nouvelles compositions contiennent des sons familiers, qui renvoient parfois à l’album de 1978 ?
Ce n’est pas du tout conscient. Selon moi, un artiste décline son propre univers et ne crée pas à chaque fois quelque chose de totalement différent de ce qu’il est, de sa nature profonde. Ces sons et ces mélodies me sont propres, effectivement, même s’ils sont résolument plus modernes.
Il y a une sorte d’universalité dans la musique de Jean-Michel Jarre. Ses compositions dépassent largement les frontières et les individus. Les thèmes chers à l’artiste : la protection de l’environnement, l’espace et la technologie restent plus que jamais d’actualité.
Equinoxe Infinity sort le 16 novembre ; mon conseil ? Ecoutez-le chez vous, religieusement, immergez-vous complètement dans son cosmos et laissez-vous emporter par le voyage que Jean-Michel Jarre a tracé pour vous !