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    Réalités obliques, le Sin City de Clarke

    clarke

    scénario & dessin : Clarke
    éditions : Le Lombard
    sortie : 2 octobre 2015
    genre : Autre regard, fantastique

    Avec son format carré, son noir et blanc épuré et ses récits en quelques planches, Réalités obliques fait d’entrée figure d’ovni dans le paysage des sorties BD. Outre son format déroutant, le nouvel opus de Clarke peut également déboussoler par l’aspect sec et tranchant de ses petites histoires souvent cruelles. Mais c’est aussi par ce côté sombre que l’album happe son lecteur et le plonge en apnée dans cet univers étrange.

    Graphiquement, l’influence la plus flagrante de Clarke pour Réalités obliques est incontestablement le Sin City de Frank Miller, auquel il emprunte également souvent une « voix-off » signifiée par l’encadré. Mais Clarke durcit encore sa palette par rapport à son modèle puisque les noirs l’emportent ici imparablement sur les blancs.

    Jouant énormément sur les ombres, Clarke va d’ailleurs au bout de cette idée dans un épisode intitulé Ombres et fils, dans lequel les ombres des hommes causent leur perte, ou encore dans Des nuées d’ampoules, où le noir envahit inexorablement tous les endroits lumineux.

    Dans beaucoup de ces Réalités obliques, Clarke installe des cercles vicieux, des récits bouclés qui terminent là où ils avaient commencé, et met souvent en scène des personnages qui se retrouvent prisonniers de systèmes de répétitions ou d’espaces parallèles, comme s’ils étaient enfermés dans leurs cases de bande dessinée. Cette dimension réflexive amène un vertige supplémentaire dans un projet qui travaille beaucoup sur la mise en abyme et l’emboîtement.

    Il est difficile de rendre compte en détails du fil rouge de Réalités obliques, puisqu’il n’y en a pas. Si c’était un roman, on parlerait de recueil de nouvelles, et si c’était un film, de film à sketches. Mais la transposition en BD de ce type de construction ne pâtit pas du même risque d’inégalité globale. S’il y a bien l’une ou l’autre histoire qui séduit moins que les autres, la brièveté des courts récits et l’homogénéité esthétique de l’ensemble fait perdurer le plaisir de lecture de la première à la dernière page.

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