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    Ravagés de splendeur, du foutre et puis la mort

    Titre : Ravagés de splendeur
    Autrice : Guillaume Lebrun
    Edition : Christian Bourgeois Editeur
    Date de parution : 09 janvier 2025

    Le jeune Héliogabale est élu à la tête de Rome, après des jeux de dupe et de manipulation comme l’Empire en a si bien délivré, avec assassinats, rancœur et dégoût à la clé. Arrivé de Syrie avec sa mère et sa tante, élu prêtre d’une religion qui adore le Dieu Baal, le voilà Empereur avec tous les pouvoirs. Sauf que ce qui semble plus intéresser Héliogabale, c’est découvrir qui il est : sexuellement, d’abord, couchant avec beaucoup d’hommes et s’attachant à un ancien esclave grec, Hiéroclès, autant qu’à la grande Vestale Aquilia, supposée rester vierge. Religieusement ensuite, imposant sa religion et ses sacrifices de bébés à Baal. Identitairement ensuite, se sentant femme et demandant officiellement à être appelée Impératrice…

    L’histoire est folle et d’autant plus folle que cet Héliogabale est un personnage ayant existé et vécu entre 203/204 et 218. Il avait donc 14 ans quand il devient Empereur, ce que j’apprends via Wikipédia. « Ravagés de splendeur » ne parvient pas, il faut l’avouer, à rendre ces quelques années de vie avec la puissance qu’un roman ou qu’une fiction aurait pu lui accorder. On ne sort pas du livre en ayant une connaissance approfondie du personnage ou de la période politique, c’est un tout autre parti que choisi l’auteur.

    Guillaume Lebrun, d’une écriture parfois maniérée et extravagante, découpe son histoire en plusieurs personnages (alors qu’Héliogabale seul ferait déjà un excellent protagoniste) : Héliogabale, donc, Hiéroclès et Aquilia. C’est d’ailleurs elle qui commence le récit. Chacun.e se racontera à la première personne dans des chapitres relativement courts et qui se veulent très explicatifs sur les motivations qui les habitent. Lebrun ne cherche pas la psychologie complexe, mais se sert du « je » narratif des personnages pour raconter l’histoire d’une époque pleine de tension, où l’on sent les camps s’opposer, une époque pleine de soufre où tout va bientôt exploser. L’auteur choisit aussi clairement son camp. C’est d’ailleurs parfois compliqué de se mettre dans la peau d’Héliogabale sans aucun recul, alors qu’il.elle tue sans complexe pour un rien. On aimerait tellement en savoir plus à son propos.

    Si ce n’est pas la complexité psychologique qui fait l’intérêt du livre, c’est parce que Lebrun est ailleurs. Ce qu’il veut, c’est que le livre suinte d’odeurs de foutre et de mort sanguinolente. Et il y parvient : il établit une atmosphère vraiment macabre et dégueulasse, où le sexe explicite et violent est décrit sans détours. Héliogabale veut que des hommes lui fassent mal et pas n’importe quels hommes, il lui faut des sexes d’une certaine taille, mesurés par sa Cohorte de servant.e.s. Lebrun décrit cette époque de dépravation, sans pudeur ni sens moral, où la mort est partout et qui ne peut que finir mal, nous laissant un peu salis, notre curiosité non rassasiée.

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