Qu’est-ce qu’on attend ?
de Marie-Monique Robin
Documentaire
Sorti le 31 mai 2017
Tandis que des voix de plus en plus inquiètes dénoncent le réchauffement climatique et soulignent la nécessité de modifier nos habitudes de vie, le petit village d’Ungesheim, en Alsace, a déjà opéré sa transition vers l’après-pétrole. En effet, depuis 2009, cette commune de 2200 habitants a fait le choix de réduire son empreinte écologique et de modifier vingt-et-un aspects de sa vie quotidienne, de l’alimentation au transport, en passant par l’habitat, l’argent ou l’énergie. Cette transition vise ainsi à garantir aux habitants de la municipalité un maximum d’autonomie.
Cette initiative a rapidement rencontré le succès, et Ungersheim est ainsi parvenue à économiser, depuis 2005, près de 120 000 euros en frais de fonctionnement et à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 600 tonnes par an.
Ayant par hasard eu vent de l’existence de cette commune au cours de la promotion de son précédent film, « Sacrée croissance ! », la réalisatrice Marie-Monique Robin a choisi de présenter au monde la surprenante aventure et l’investissement sans faille des habitants de cette petite localité française. Cette décision l’a amenée à suivre la vie du village durant toute l’année 2015 et à donner voix à ses habitants.
Rapidement, les protagonistes exprimeront leur démarche, soulignant notamment leur rejet de l’individualisme ou du consumérisme, des manquements à l’éthique de certaines professions ou tout simplement de la nécessité d’offrir un monde meilleur aux générations futures. Cependant, les interventions des Ungersheimois seront dénuées de tout prosélytisme, ceux-ci ayant choisi d’opérer la transition sans pour autant prétendre posséder une vérité plus forte que les autres. L’humanité, le respect et la clairvoyance de ces personnages donne ainsi une dimension intimiste au film, ainsi qu’une impression chaleureuse. Ceux-ci ont choisi de revenir à des valeurs plus traditionnelles, sachant que leur projet pourrait ne pas faire l’unanimité et être vu comme un retour en arrière.
Mais cette transition, si elle vise avant tout à redévelopper une symbiose entre l’homme et la nature est également une symbiose entre l’homme et l’homme. C’est donc dans une dynamique communautaire que le projet a été lancé, tout en intégrant des éléments d’économie sociale et solidaire. Ainsi, des personnes en contrat d’insertion seront mises à contribution et témoigneront de leur bien être retrouvé. Le projet d’Ungersheim est ainsi une reconnexion avec la terre, mais surtout avec notre humanité ! Par cette volonté d’avancer ensemble, les habitants de la commune ont ainsi recréé une microsociété participative et fonctionnelle.
Conscients de n’être qu’une goutte d’eau dans l’océan, les Ungersheimois s’investissent ainsi dans leur projet sans pour autant prétendre s’ériger en exemple ou fonctionner à l’écart de la société. Pas de Village façon M. Night Shyamalan donc mais une communauté désireuse de vivre en adéquation avec ses principes, tout en restant ouverte sur le monde alentour.
Qu’est-ce qu’on attend est un film profondément humain, donnant à voir des gens d’une simplicité doublée d’une noblesse déconcertantes, des personnes qui se trouvent parfaitement à l’endroit où elles souhaitent être, qui ont trouvé leur place dans le monde. C’est d’ailleurs l’un des points les plus frappants du film : leur bien-être transpire dans chaque image et leur projet de vie semble parfaitement les satisfaire. Loin de chercher à imposer les qualités de ce mode de fonctionnement, les Ungersheimois se contentent de fonctionner comme cela, laissant au spectateur le choix de se laisser séduire ou non. Ce sont cependant leurs réalisations qui sont les plus à même de convaincre. Et si l’on peut ne pas se laisser séduire par ce projet, on reconnaitra cependant la nécessité de modifier notre mode de vie et de fonctionnement. Alors, Qu’est-ce qu’on attend ?