De Hélène Vignal, mis en scène par Georges Lini, avec Emilie Eechaute, du 7 novembre au 25 novembre 2023 au Théâtre de Poche.
Elle a fait comme elle voulait, elle n’a écouté qu’elle, elle s’est donnée l’opportunité de découvrir le plaisir sexuel selon ses règles. En fait, elle a fait comme la plupart des mecs. Pourtant, son téléphone n’arrête pas de sonner, elle ne compte plus les messages d’injures et les menaces de mort. Elle se balade en cargo et pull en capuche sur un carré de terre et elle nous explique tout.
« En fait les ados, on leur parle énormément des risques de la sexualité, mais pas du plaisir. » (extrait de l’interview avec Hélène Vignal)
Un tonnerre d’applaudissements
On était à la première et on s’est levé avec le reste du public pour les cinq saluts couverts d’acclamations. La puissance d’Emilie Eechaute, diplômée de l’IAD en 2022, nous a eu. Sous des airs d’adolescente en colère, elle interprète brillamment le texte d’Hélène Vignal. Elle n’est pas sur scène pour refaire le monde mais bien pour l’éclairer. Dans un vocabulaire intime mais naturel, ce monologue nous livre une véritable confession sur la vie d’une adolescente d’aujourd’hui. La mise en scène de Georges Lini donne toute la hauteur nécessaire à cette héroïne contemporaine. Le spectacle rejoint les créations Iphigénie à Splott et La Soeur de Jesus-Christ également découverts au Poche, pour former une trilogie poignante. On apprécie le jeu des lumières et le choix des sons dans Queen Kong qui accompagnent si bien les différentes émotions qui traversent le personnage seul sur scène. Entre détermination, assurance et désespoir ou incompréhension, cette jeune fille a tant de choses à dire, et le public est pendu à ses lèvres.
Le plaisir avec un grand P
Immédiatement adopté par les adolescents, Queen Kong est sorti sous format livre en 2021. Dans son œuvre, Hélène Vignal se plonge dans le quotidien d’une adolescente qui n’a pas froid aux yeux. À l’instar des séries comme Sex Education et de l’engagement des textes de Virginie Despentes, et bien d’autres, le discours est résolument engagé. Faire parler une adolescente est finalement une excellente manière de se rapprocher des sujets encore tabous qui touchent justement cette tranche d’âge, mais aussi tout l’entourage. C’est aussi un magnifique moyen de se reconnecter à des culpabilités passées ou présentes qui concernent le plaisir dans toute la beauté qu’il suscite, sans déranger. Le spectacle met en lumière le thème principal de la fidélité à soi-même, en passant par la quête du plaisir et la problématique du cyber-harcèlement. Le texte aborde également la réalité des ZAD (Zone à Défendre) en créant une très belle métaphore des combats que chacun.e veut mener à bout de bras, comme un message débordant d’espoir.
Queen Kong est l’histoire d’une héroïne, d’une quête, d’une connexion à soi-même qu’on gagnerait tous.tes à écouter attentivement !