Proxima
d’Alice Winocour
Drame
Avec Eva Green, Matt Dillon, Sandra Hüller, Lars Eidinger, Zélie Boulant
Sorti le 27 novembre 2019
Troisième long métrage d’Alice Winocour (également coscénariste du Mustang de Deniz Gamze Ergüven), Proxima avait de quoi intriguer. D’abord par son sujet, puisqu’il suit la préparation, jusqu’au décollage, d’une astronaute en vue d’une mission spatiale d’un an, puis par son casting international (la française Eva Green, l’américain Matt Dillon, l’allemande Sandra Hüller, entre autres), les deux laissant augurer d’un film ambitieux ou tout du moins détonnant dans le paysage global du cinéma d’auteur français.
La (mauvaise) surprise n’en est que plus frappante, tant Proxima emprunte au final des chemins scénaristiques et surtout esthétiques complètement balisés. Au questionnement sur la condition d’astronaute, notamment dans la préparation physique et mentale par laquelle doit passer l’héroïne, ou encore à la possibilité d’une transcendance du récit éventuellement induite par la promesse de l’ailleurs, le film préfère ne s’intéresser qu’à la dimension familiale et sentimentale du problème, se concentrant principalement sur la relation entre le personnage principal et sa fille durant cette période anticipative avant la séparation.
Proxima est donc bien un « film français » dans la conception la plus péjorative et caricaturale que pourraient en avoir ceux qui n’en ont qu’une mauvaise image éloignée. À partir de ce qui aurait pu s’ouvrir à des dimensions infinies, tant sur le plan de la narration que des thèmes ou encore même visuellement, la réalisatrice a choisi de filmer de manière naturaliste le récit ordinaire d’une relation mère-fille en lui donnant, in fine, des accents de sentimentalisme. Après que ce récit ait été jusqu’à son achèvement – dans tous les sens du terme – et après un ultime plan d’une très grande bêtise, le générique de fin vient encore enfoncer le clou en proposant ni plus ni moins qu’un diaporama des plus belles photos de femmes astronautes avec leurs filles.
On l’aura compris, l’heure n’est plus à la finesse et à la subtilité lorsqu’il est temps de parler du féminin à la conquête du monde – et au-delà, dans ce cas-ci. Si les deux premiers films d’Alice Winocour laissaient planer le doute quant au chemin qu’elle emprunterait – auteur ou pas auteur ? -, le présent film vient dissoudre toute ambiguïté sur ce qu’elle a choisi : un cinéma de la démonstration académique.