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    « Pourquoi pas un maitrank à l’orange sanguine pour le BIFFF ? », entretien avec Jean-Luc Maitrank

    Véritable institution du BIFFF, Jean-Luc Maitrank apporte du soleil dans le festival de tous ceux qui passent par son stand à côté des toilettes près du Ciné 2. Et le maitrank n’est pas la seule raison pour cela. Cet éternel optimiste s’occupe d’une école au Nord-Est du Brésil via son ASBL Enfant Lumière et il apport sa joie et sa bonne humeur à tout le festival. Et elles nous manquent au moins autant que son maitrank.


    Tout d’abord, comment vas-tu ?

    Je vais bien, je suis confiné dans mon salon mais j’ai la chance d’être à Grez-Doiceau et pas dans un appartement à Bruxelles. Je suis dans ma maison, où je fabrique le maitrank, dans la nature. Je n’ai donc pas à me plaindre.

    L’annulation du BIFFF mais aussi de tous les festivals d’été a bien sûr un impact sur ton activité.

    Bien sûr. Je suis rentré le 10 mars du Brésil où je m’occupe de mon ASBL Enfant Lumière qui a ouvert il y a tout juste 19 ans. Dans la foulée, les écoles fermaient et nous étions mis en confinement. Heureusement, j’ai eu le temps de décommander tous les ingrédients pour fabriquer le maitrank à temps. Normalement, je rentrais le 10 pour le fabriquer ici en prévision du festival. Sur le plan financier, l’annulation de tous les événements n’est pas facile à vivre mais cela vient au second plan. Le plus important, c’est la santé.

    Tout à fait d’accord avec toi. Mais certains habitués du BIFFF seraient peut-être heureux de savoir s’il te reste des bouteilles de maitrank.

    Il me reste quelques bouteilles et j’en ai d’ailleurs bue une aujourd’hui (rires). Du reste, je ne sais pas si je pourrai reprendre la production pour l’an prochain. Je dois encore en discuter avec l’organisation. Peut-être fera-t-on une cuvée spéciale pour le BIFFF à l’orange sanguine ! Tout ce que je veux de mon côté, c’est garder mon petit espace à côté des toilettes pour faire la fête.

    Qu’est-ce qui te manque le plus dans le festival ?

    C’est l’ambiance bien sûr. J’y pense souvent et j’ai encore reçu il y a peu des photos de l’an passé que des habitués m’ont envoyées. Certains m’ont aussi dit qu’ils voulaient bien écouler du maitrank pour moi. C’est fantastique. C’est ça le BIFFF. C’est la folie chaque année. Noël Godin vient chaque année avec ses tickets qu’il reçoit et que je distribue aux petites vieilles qui viennent au festival depuis le début. J’ai notamment reçu un appel d’une d’entre elles qui s’appelle Vera et qui vient depuis la première édition du festival. Elle a 85 ans, elle porte toujours une veste rouge et a un cabas. Elle m’a dit qu’elle était très triste de ne pas pouvoir aller au festival cette année mais j’ai convenu avec elle d’aller la prendre à Bruxelles dès la fin du confinement pour qu’elle vienne passer quelques temps à la maison. Ce sont toutes ces personnes qui me manquent. Les festivaliers, les organisateurs, les bénévoles, tout le monde.

    Comment décrirais-tu l’ambiance du BIFFF ?

    C’est une ambiance extraordinaire. Ce n’est pas là où je vendais le plus en comparaison avec des festivals comme les Ardentes ou Esperanza. Parfois, je ne vendais rien pendant deux heures où il y avait des films. Mais l’ambiance est fantastique et même sans le maitrank, je continuerais à aller au BIFFF. Pourtant, je ne suis pas friand de films d’horreur et je vois rarement des films en entier au festival. Si j’y vais, c’est pour le public qui gueule. Mais au BIFFF, on voit tous les styles de gens. Du prince Laurent aux petites vieilles en passant par des tout jeunes.

    Que représente le BIFFF pour toi ?

    La première édition où j’ai vendu le maitrank c’était la première à Tour&Taxi donc cela doit bien faire quinze ou seize ans. Avant, j’y allais en tant que spectateur. Je m’y sens bien dès que je vois les décors, les bénévoles qui arrivent et les gens maquillés. Tout le monde est un peu fou au BIFFF. L’odeur aussi. Oui oui, l’odeur de choucroute tout à fait ! Et de l’orange dès que tu passes à côté de mon bar (rires).

    A quoi ressemblent tes journées durant le festival ?

    Avant, j’ouvrais toujours à l’ouverture des portes mais maintenant, j’ouvre plutôt à 15h ou 16h, ça dépend des séances. Si je sais qu’il y aura beaucoup de monde à la première séance, j’ouvre à 14h. Souvent, c’est Arnaud qui m’accompagne qui ouvre le bar et moi je reste jusqu’au bout. Et comme j’habite à Grez-Doiceau, je dors dans ma camionnette après la fermeture et le lendemain matin, je me réveille à 10h ou 11h, je rentre chez moi prendre une douche, faire la vidange et recharger la voiture. Ce sont des longues journées ! Surtout durant la Night où on reste jusque 7h ou 8h du matin.

    Histoire de redonner de l’espoir à tout le monde en ces heures sombres, tu seras toujours là pour le BIFFF 2021 ?

    Bien sûr ! J’ai mon petit coin et je l’adore. En revanche, j’espère qu’on me reconnaîtra car j’ai pris pas mal de poids. J’ai arrêté de fumer. De tout fumer (rires). Et j’ai pris 14 kilos.

    As-tu un message à faire passer à la famille du BIFFF ?

    Je salue tout le monde. Les organisateurs, les techniciens, les bénévoles, les festivaliers, tout le monde. Et prenez soin de vous et de votre famille. J’espère que nous profiterons de cette période pour nous rapprocher. Nous sommes confinés mais je sens que nous avions peut-être besoin de cela pour réaliser certaines choses et se recentrer. Et comme on dit au Brésil, le monde ne s’arrête pas.

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

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