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    Portrait of a Lady à la Fondation Boghossian

    Portrait of a Lady, la nouvelle exposition de la Fondation Boghossian à la Villa Empain à Bruxelles, retrace la représentation de la femme en 85 œuvres divisées en 5 thématiques, depuis la préhistoire jusqu’à aujourd’hui.

    Affiche de l’exposition « Portrait of a Lady » à la Fondation Boghossian, 2022.

    Un regard longtemps masculin

    Pendant longtemps, l’histoire de l’art a été créée par des hommes, pour des hommes. Les codes iconographiques varient avec les époques mais la représentation de la femme reste pendant des siècles une représentation sage, en intérieur et passive. La première moitié des œuvres exposées dans Portrait of a Lady date d’avant les années 1960. Elles sont réalisées, à l’exception de deux œuvres, par des hommes.

    La seconde moitié quant à elle date d’après et promeut une image plus contemporaine des femmes par des artistes masculins et féminins. L’exposition est divisée en cinq thématiques et mélange différentes cultures et civilisations, allant de l’Orient à l’Occident.

    Des représentations très anciennes

    La première thématique, À l’origine, explore la représentation de la femme dès la préhistoire. À cette époque le corps de la femme est omniprésent dans les gravures pariétales et statuettes. Autrefois appelées Venus, ces statuettes sont réalisées en ivoire, terre cuite ou en pierre, et représentent des corps de femmes, sans pieds ni mains et aux formes généreuses. Il y a peu de certitude quant à la fonction de ces objets, certaines statuettes sont percées et laissent supposer qu’elles auraient été portées comme colliers, d’autres théories expliquent qu’elles représentent des femmes enceintes et auraient fonction de porte-bonheur. Une broderie égyptienne représente Gaea ou personnification de l’abondance et la fertilité de la terre, évoque le culte de la fertilité sous la forme d’une femme. Cette pièce présentée à la villa a nécessité quatre ans de négociation.

    Venus de Willendorf, sans date © Thibault De Schepper
    Venus de Willendorf, sans date © Thibault De Schepper

    Au XIXe et XXe siècles, les femmes sont majoritairement représentées en intérieur, dans des poses méditatives. L’histoire de l’art est créé par des hommes pour des hommes ce qui explique ces poses, pouvant évoquer certaines figures de la mythologies grecques tels Pénélope ou Hélène attendant sagement et recluses en intérieur un mari parti au combat. Ces stéréotypes ont peu évolué avec le temps et bien que quelques femmes accèdent au métier de peintres dans la deuxième partie du XXe siècle, elles y arrivent en étant aidées par des hommes artistes, qu’ils soient leur compagnon, un ami ou un parent.

    Les femmes artistes de cette époque n’ont pas le droit de représenter des sujets historiques et mythologiques. Elles sont cantonnées au représentations de paysages, de natures mortes ou de portraits d’enfants. Les œuvres présentées sous ce thème « Femme dans un intérieur » sont réalisées, à l’exception d’une œuvre, par des artistes masculins.

    Constantin Meunier, Jeune femme dans un intérieur, 1885 © Thibault De Schepper
    Constantin Meunier, Jeune femme dans un intérieur, 1885 © Thibault De Schepper

    Une nudité aux sens multiples

    Si le corps de la femme est représenté nu uniquement pour des sujets mythologique, il devient au fil des siècle la thématique principale de certains artistes qui choisissent des modèles, des muses, et les transforment parfois en allégorie. La chambre d’amis de la villa est dédiée au nu féminin sous la thématique « Nue, modèle, muse » et évoque le regard de l’homme sur le corps féminin et des critères de beauté qui lui sont imposés. La thématique de l’eau est souvent associée à l’image de la féminité, les représentations de femmes sortant du bain ou faisant leur toilette, comme ici un fusain d’Edgar Degas et une peinture d’Isidore Vereyden. Le peintre est celui qui offre au spectateur l’image de l’intimité du modèle : lorsqu’elle se lave, lorsqu’elle dort ou qu’elle se réveille. Cette pièce évoque également les canons de beauté imposés de l’époque, si tous les artistes représentent des femmes au corps jeune, mince et lisse, l’artiste Pierre Tal-Coat choisit de peindre des corps féminins âgés pour son œuvre Les trois vieilles.

    Edgar Degas, Après le bain, femme s’essuyant les cheveux, 1895.

    Le tournant des années 1960

    À partir des années 1960, la représentation de la femme et son rôle évolue, elle devient plus active dans le milieu du travail à cause de la guerre. Partout en Europe, le droit de vote des femmes commencent à s’instaurer. Les femmes accèdent également aux écoles d’art. Cette seconde moitié de l’exposition prend une tournure plus contemporaine. Les œuvres présentées sont maintenant autant d’auteurs masculins que féminins. Dans la chambre du baron s’installe la thématique « Portraits et autoportraits ». La photographie devient un médium artistique à part entière et des artistes tels que Cindy Sherman, Michel François, Eva Verbeeck ou Valérie Belin l’utilisent pour représenter l’image des femmes contemporaines dans la vie quotidienne.

    Avec une soixantaine d’artistes et 85 œuvres Portrait of a Lady offre au visiteur une excellente représentation de l’image de la femme dans l’histoire de l’art. Habituellement tournée vers l’art contemporain, la fondation Boghossian propose une exposition regroupant l’art de plusieurs millénaires, en allant de la préhistoire jusqu’à l’art contemporain en incluant certains de ses anciens résidents.

    Infos pratiques

    • Où ? Fondation Boghossian, 67 Avenue Franklin Roosevelt, 1050 Bruxelles.
    • Quand ? Du 24 mars au 4 septembre 2022, du mardi au dimanche de 11h à 18h.
    • Combien ? 10 EUR au tarif plein. Différents tarifs réduits possibles.
    Anaïs Staelens
    Anaïs Staelens
    Responsable de la rubrique Arts/Expos Journaliste du Suricate Magazine

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