De Thierry Janssen d’après Carlo Collodi. Conception et réalisation Maggy Jacot et Axel De Booseré. Avec Mireille Bailly, Julien Besure, Karen De Paduwa, Aurélien Dubreuil-Lachaud, Fabian Finkels, Thierry Janssen et Elsa Tarlton. Du 9 mars au 8 avril 2023 au Théâtre Royal du Parc.
Vous connaissez tous et toutes Pinocchio et dans cette adaptation, Thierry Janssen parvient à allier histoire et conte au sein de son formidable texte. Evidemment, nous retrouvons tous les personnages phares de l’oeuvre italienne. Cependant, chacun possède une double face : le personnage qu’il incarne et le comédien ou la comédienne qu’il ou elle est réellement. Quoi de plus génial que de vivre le théâtre à travers le théâtre ? Il s’agit-là d’un processus efficace, encore faut-il savoir le mettre en scène et le faire comprendre au public, ce que Maggy Jacot et Axel De Booseré ont parfaitement réussi à faire. La mise en scène est si juste que nous sommes totalement pris dans l’illusion théâtrale.
Nous retrouvons sur les planches du Théâtre Royal du Parc une troupe de théâtre qui met en scène l’histoire de Pinocchio. Petit plus, dans leur troupe se trouve le célèbre Pinocchio et son père Gepetto. Mais sont-ils réellement ceux qu’ils semblent être ? Les membres de cette troupe sont-ils tous et toutes ce qu’ils prétendent être ?
L’adaptation de Thierry Janssen est un véritable chef-d’oeuvre, son écriture est belle, drôle et remplie d’émotions. Sa force est de parvenir à nous transporter entre le rire et les larmes en quelques heures. Le texte et la puissance des mots sont amplifiés à la fois par le travail scénique (Maggy Jacot, Axel De Booseré, Julia Kaye et Odile Dubucq), mais aussi par le travail exceptionnel de la composition sonore (Eric Ronsse), des lumières (Gérard Maraite), des chorégraphies (Darren Ross), des accessoires spéciaux (Billie Mertens) et des vidéos (Allan Beurms). Sans oublier ce merveilleux décor (Camille Burckel, Nicolas Vankerkhove, Perle Hervio, Lucas Vandermotten et Sylvain Formatché), les costumes époustouflants (Odile Dubucq, Chandra Vellut, Christine Piqueray, Violeta Cruz Pecaric, Laure Norrenberg, Jeanne Wintquin, Nelly Wullaert, Dolça Mayol Moulin et Maya Perolini) ainsi que les maquillages et coiffures (Florence Jasselette et Pauline Lescure).
Mais que seraient des mots sans artistes pour les faire vivre et les transmettre au public ? Nous sommes transportés par tous les personnages qui ont une épaisseur et une existence propre, ils ne sont ni tout blanc, ni tout noir… Ils sont humains. Julien Besure incarne à la perfection cet enfant oscillant entre rébellion et obéissance, nous assistons à son évolution jusqu’à ce qu’il puisse s’imposer face aux autres et reconnaître son individualité. Mireille Bailly et Aurélien Dubreuil-Lachaud forment un duo drôle et bousculant, il y a une véritable alchimie dans leur jeu d’acteurs. Fabian Finkels est un incroyable directeur de théâtre, aussi drôle que terrifiant, mais aussi très touchant. Thierry Janssen nous offre un Gepetto à première vue sénile (quelques scènes de début d’Alzeihmer sont d’ailleurs merveilleusement bien interprétées), mais qui s’avère être le plus lucide de toute la troupe. Karen De Paduwa est un criquet à mourir de rire, mais qui a également la tête bien sur les épaules, à tel point que chacun dans la troupe semble avoir besoin de ses conseils. Elle soude cette troupe hétérogène. Elsa Tarlton permet à la pièce de prendre cette dimension révolutionnaire puisqu’elle personnifie la révolte elle-même face à la montée en puissance du fascisme. Elle aide également Pinocchio à s’affirmer et à se libérer de ce qu’on attend de lui. La pièce en elle-même n’inviterait-elle pas le public à faire de même ?
Ce spectacle est tout simplement magique et tous les éléments artistiques et techniques convergent à faire de ces quelques heures une expérience complète et fascinante. Nous sommes pris par l’histoire, nous rions, nous pleurons et nous nous émerveillons avec un seul petit souci… nous n’avons pas envie de quitter ces personnages et cette histoire, nous n’avons aucune envie que ça se termine. Foncez sans tarder !