Pig
de Michael Sarnoski
Thriller, Drame
Avec Nicolas Cage, Alex Wolff, Cassandra Violet
Sorti le 3 novembre 2021
Alors que depuis dix ans, Nicolas Cage enchaîne les productions moyennes – à quelques exceptions près comme Joe, Mandy ou Color Out of Space – le voici maintenant revenu au sommet de son art pour l’un des meilleurs films de sa carrière !
Vivant reclus en forêt depuis dix ans, Robin Feld vit de la vente de truffes que trouve son cochon, seul être vivant à partager sa vie. Lorsque celui-ci sera enlevé, Rob devra retourner à Portland et replonger dans son passé.
Pig est un film totalement déstabilisant ! Dans un premier temps, ses atmosphères sombres et pesantes laisseront croire à une sorte de Taken surréaliste dans lequel Cage laisserait éclater toute sa fureur afin de retrouver son cochon truffier. Mais la réalité est tout autre, et Pig saura constamment se jouer des codes afin de surprendre le spectateur. Ainsi, le film de Michael Sarnosk brouillera toutes les pistes, déjouant par là-même les préconceptions et les attentes du public.
En réalité, Pig est une histoire intimiste qui n’entre réellement dans aucune catégorie, une plongée au cœur des errances d’un homme abandonné dans le fossé de l’existence. Et la perte d’un cochon sera l’occasion pour celui-ci de reprendre contact avec la réalité et d’affronter son passé.
Le retour de Robin agira alors comme un catalyseur permettant à d’autres de retrouver leur lumière. Comme souvent dans le cinéma américain, on peut y voir un parallèle avec les écrits bibliques, notamment la Première épître aux Corinthiens dans laquelle il est écrit que le retour à la vie du Christ annonce la résurrection des morts. Ainsi, le retour de Robin Feld parmi les hommes sera l’occasion pour certains d’entre eux de renouer avec leur propre humanité et d’affronter leurs égarements.
Dans cette optique, Rob réalisera sa traversée du désert sans jamais sourciller, comme un Golem déterminé coûte que coûte à atteindre son but. Il parcourra ainsi le film ensanglanté, sans jamais éponger ses blessures, comme l’aveugle couvert de boue allant se laver à la piscine de Siloé.
Mais en réalité, si Pig est si surprenant, cela n’est probablement pas le fruit du hasard. Au-delà de l’impeccable réalisation de Michael Sarnosk qui exploitera subtilement certains codes cinématographiques afin de désarçonner le spectateur, le métrage trouve également une place à part dans la filmographie de Nicolas Cage. Car si l’acteur enchaîne les séries B à la qualité toute relative depuis plus de dix ans, ses derniers films en date étaient orientés vers l’action, voire même vers une forme de violence débridée. On pensera ainsi à Willy’s Wonderland ou Prisoners of Ghostland dans lesquels Cage incarne également un personnage monolithique et particulièrement silencieux.
L’une des surprises de Pig tient justement au casting de Nicolas Cage, que l’on n’attendait plus réellement dans un film d’une telle profondeur. La production aura bien compris la chose et brouillera elle-même les pistes, notamment par le biais d’une affiche sur laquelle l’acteur apparaît menaçant et déterminé.
Derrière cela, Pig parvient à brasser plusieurs thématiques de façon intelligente, comme la relation père-fils présentée sous des angles divers, ou la thématique du deuil – voire le deuil de soi-même dans le cas du personnage principal. Le réalisateur Michael Sarnosk déroule ainsi une histoire subtile, inattendue et parfois même touchante dans laquelle Nicolas Cage offre un jeu tout en retenue. Le tout dans un film allant sans cesse d’une surprise à l’autre, de Taken à Ratatouille, sans jamais rien perdre de sa cohérence.