Titre : Pierre-Joseph Proudhon, l’anarchie sans le désordre
Auteur : Thibault Isabel
Editions : Autrement
Date de parution : 10 mars 2021
Genre : Philosophie
De l’anarchie, la plupart d’entre nous n’en ont qu’une vue abstraite, et le plus souvent négative. Pourtant, le courant de pensée défendu par Pierre-Joseph Proudhon fut au 19ème siècle aux avant-postes des mouvements contestataires contre l’économie libérale, avant de disparaître dans les esprits de gauche au profit du marxisme. C’est donc une alternative au socialisme marxiste que nous propose de découvrir Thibault Isabel, philosophe et historien des civilisations.
Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni le titre, ni la science, ni la vertu écrivait Pierre-Joseph Proudhon. De ces mots, on comprend que Proudhon – contrairement aux disciples de Marx qui instaurèrent une machine bureaucratique tentaculaire – voulait s’affranchir autant d’un état fort que d’un système économique capitaliste et oligarchique.
A travers une quinzaine de courts chapitres, Thibault Isabel tente de synthétiser la pensée anarchiste, tant dans ses aspects économiques (système de coopératives, mutuelles) que politiques (importance de la commune, état fédéral fortement décentralisé). Et si l’on comprend les concepts essentiels que l’on peut rattacher à certaines initiatives historiques, il est néanmoins difficile de se faire une idée précise sur l’applicabilité des mesures à large échelle, faute d’exemples concrets. Et c’est le principal reproche que l’on peut exprimer à l’encontre de cet ouvrage, outre l’aridité de son propos : si l’auteur pense que la pensée de Proudhon est une alternative aux systèmes politiques et économiques actuels, son livre n’est pas l’introduction la plus simple pour initier de nouveaux adeptes à cette philosophie, il nécessitera dès lors de nombreuses relectures.
Au final, on peut saluer l’initiative de Thibault Isabel de nous faire découvrir un penseur oublié, philosophe qui a sans doute beaucoup mieux compris le fonctionnement de la société que beaucoup d’autres avant et après lui. Néanmoins, la complexité du propos laissera de nombreux lecteurs au bord du chemin.