Mise en scène de Transquinquennal, avec Bernard Breuse, Miguel Decleire, Manon Joannotéguy, Stéphane Olivier, Mélanie Zucconi. Du 7 au 21 décembre 2017 au Varia.
(Crédit photo : © Herman Sorgeloos)
Philip Seymour Hoffman, par exemple créé dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts signe la collaboration entre Transquinquennal et Rafael Spregelburd. De manière cohérente avec le style labyrinthique et légèrement grotesque du dramaturge argentin, le collectif belge met en scène trois histoires à l’esthétique surréaliste, emboitées l’une dans l’autre. Le fil rouge ? Le rapport au réel et la relation entre réalité et fiction.
Quand le public entre en salle, les comédiens sont déjà sur scène, en mouvement. Un aéroport. Deux policiers vérifient les bagages des passagers, ils les invitent à retirer leurs chaussures, leurs lunettes, à déposer tout objet personnel avant de passer à travers le détecteur de métaux. Ils sortent des peluches, des vibromasseurs, et d’autres objets ridicules de leurs valises en défilant sous le regard attentif des policiers. Le rythme est calme, jusqu’à ce que le chaos commence et la pièce se scinde en trois histoires différentes. Le protagoniste de la première scène est Stéphane Olivier, un acteur raté belge que l’on prend souvent pour quelqu’un d’autre. Les gens pensent qu’il est l’acteur Philip Seymour Hofmann en train de jouer un de ses meilleurs rôles, celui de Stéphane Olivier. La relation entre personne et personnage est donc au centre de cette première intrigue qui s’emmêle à la scène du « vrai » Philip Seymour Hoffman auquel on propose d’être le protagoniste dans un film qui raconte l’histoire d’un passager avec une valise plein de TNT, à l’aéroport… Une troisième histoire se déroule au Japon où l’acteur Kyoshi Kou rencontre Arare, une adolescente qui sait tout sur lui, qui connaît même les plus petits détails de sa vie, des informations qui ne sont pas vérifiables et donc pas contestables non plus.
La scénographie est totalement en ligne avec l’esthétique de Transquinquennal : des façades changeantes, des portes, des petits passages secrets d’où les comédiens peuvent sortir à chaque fois en surprenant les spectateurs. Le décor suit l’idée de la déconstruction de l’illusion théâtrale, l’espace est découpé de façon irrégulière il change au fur et à mesure devant le regard du spectateur.
Transquinquennal aborde ainsi la question de l’identité en relation à la notion de réalité : Qui suis-je au regard de l’autre ? Qu’est-ce que ça veut dire « je » ? Dans quelle mesure suis-je une personne et dans quelle mesure suis-je un personnage ? En jouant avec les codes de la représentation théâtrale, le collectif belge met en scène un spectacle bariolé qui rappelle en même temps les trames pirandelliennes et les mangas japonais.