Un petit boulot
de Pascal Chaumeil
Comédie
Avec Romain Duris, Michel Blanc, Alice Belaïdi, Gustave Kervern, Alex Lutz
Sorti le 31 août 2016
Quatrième long métrage de Pascal Chaumeil et œuvre posthume – le réalisateur est décédé il y a tout juste un an –, Un petit boulot marque la deuxième collaboration entre le cinéaste et Romain Duris, employé ici à contre-emploi. Il s’agit de l’adaptation d’un polar américain de Iain Levison, à l’humour très noir et à dimension sociale.
Suite à la liquidation d’une usine, la majorité des habitants d’une petite ville se retrouvent sans emploi. Parmi eux, Jacques tente de s’en sortir tant bien que mal en faisant des petits boulots çà et là. Mais quand il accepte la proposition d’un mafieux local de supprimer l’épouse de celui-ci, il met le doigt dans un engrenage et se transforme peu à peu en véritable tueur à gages.
Le scénario est signé Michel Blanc, qui interprète par ailleurs le rôle de Gardot, le parrain de pacotille. Blanc s’est semble-t-il fait une spécialité d’adapter des romans anglo-saxons à la sauce franchouillarde (Embrassez qui vous voulez, Une petite zone de turbulences) et a escamoté ici l’aspect le plus violent du polar de Levison, tout en restant très fidèle à son intrigue et à son esprit amoral.
Il y en effet une touche de politiquement incorrect dans Un petit boulot, qui arrive à rendre sympathiques et drôles des personnages qui assument leur part d’immoralité, sans leur réserver de désagréable retour de bâton en guise de punition. Le film assume son statut de comédie sans grande ambition formelle mais le fait en conservant une certaine indépendance vis-à-vis des canons du genre.
Si la majorité des acteurs semblent avoir été choisi presque automatiquement pour remplir des cases qu’on est habitué à les voir occuper – Gustave Kervern en gros nounours perdu, Alex Lutz en bureaucrate inflexible, Charlie Dupont en copain gaffeur, etc. –, Romain Duris endosse quant à lui un rôle plutôt différent qu’à l’accoutumée, celui d’un prolétaire moyen, bourru et macho, dont les états d’âmes sont assez superficiels. Sa manière de sur-jouer la virilité en bombant le torse et en plaçant sa voix dans les graves apporte une dimension comique à son personnage, dont on ne sait trop si elle est volontaire ou pas mais qui apporte une ironie et un détachement pas désagréable à l’ensemble.
Sans se démarquer totalement du tout-venant de la comédie française moyenne – de facture correcte –, Un petit boulot se laisse regarder sans déplaisir et parvient à affirmer un ton légèrement atypique, un humour moins formaté que d’habitude et un parfum amoral réjouissant.
Photos d’illustration ©Nicolas Schul