Année après année, Pierre-Emmanuel alias PE a gravi les échelons du succès dans le monde très restreint de l’humour. Une prouesse en soi dans une société toujours plus dominée par les nouveaux moyens de diffusion que sont les réseaux sociaux. De fait, on ne compte plus le nombre de youtoubeurs ou de podcasteurs atteignant des audiences dignes d’un journal télévisé national.
PE, davantage imprégné par l’art vivant et le contact avec le public, a choisi une autre voie : celle de la scène. En résulte le spectacle Optimiste où le Belge nous narre son parcours, de ses premiers pas hésitants à l’académie de musique à ses déboires d’adulte. Le tout empreint d’un savant mélange de nostalgie, de gaillardise et, bien sûr, d’humour.
Rencontre avec un trublion de la scène qui n’en finit plus d’étonner.
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Vous êtes aujourd’hui produit par les Frères Taloche. Comment s’est déroulée votre rencontre et pourquoi avoir choisi de travailler avec eux ?
Comme tout bon Belge francophone qui se respecte, je connaissais leur travail et ce qu’ils représentaient. En 2015, j’ai participé au festival Voo Rire – qu’ils organisent – dans une catégorie « scène ouverte » et je l’ai gagnée. Cela m’a permis de partir jouer dans les festivals partenaires l’année suivante. En revenant, j’ai croisé Vincent Taloche à Avignon qui m’a annoncé que les échos sur mon spectacle étaient bons et le mois suivant, il m’a proposé de devenir mon producteur.
Est-ce à ce moment-là que vous avez commencé à écrire Optimiste ?
Non, pas vraiment. Certaines parties existaient déjà, mais sous un autre format. En fait, nous sommes partis à Avignon (NDLR : avec l’ancienne version du spectacle), cela a été une aventure humaine géniale. Mais après Avignon, Vincent m’a dit : « Moi, je veux bien continuer avec ce spectacle, j’aime bien ce que tu fais. Mais je pense que si on continue comme ça, tu seras exactement au même stade dans un an. Par contre, ce qui serait intéressant, c’est de repenser le spectacle ». J’étais d’accord avec lui car, après un mois de représentations, je m’étais rendu compte que je ne racontais pas grand chose sur scène. {…} J’ai donc commencé à le réécrire en août 2017.
Cette nouvelle version a fonctionné directement ?
Oui, depuis j’ai des nouveaux rires. J’ai testé assez vite mon spectacle à Grenoble et c’était génial. Cependant, lors du deuxième soir de représentation, j’ai fait une captation du spectacle pour l’envoyer à Vincent. Et là, même si l’ambiance était folle, je me suis rendu compte que je n’avais aucune notion de la scène. Ce qui est ma force normalement ! (rires) Mais depuis, je joue davantage et j’ai abandonné le micro-main.
Vous avez donc franchi un palier artistique. Mais est-ce que le regard des professionnels à votre égard a également changé ?
Oui, fortement. Je pense que je véhicule mieux mon propos et je me laisse davantage aller sur les émotions. Le plus difficile, c’est de se trouver sur scène et non de suivre la tendance. J’ai mis du temps à me trouver, mais d’autres y arrivent plus rapidement.
Dans Optimiste, vous avez abandonné le discours trash qui vous caractérisait. Un gros changement !
Je n’étais pas dans un bon trash. C’était un trash dans lequel j’essayais d’exister. Même si j’assume ce côté trash qui existe en moi. Aujourd’hui, je l’utilise intelligement dans mon spectacle. C’est-à-dire que les blagues trash servent mon propos et mon histoire. Ma vulgarité n’est plus vulgaire d’une certaine manière.
Votre personnage a un aspect de pied nickelé. Est-ce voulu ?
Oui, ce que j’essaie surtout, c’est d’éviter la prétention. Je me moque beaucoup de moi. Je n’aimerais pas me sentir au-dessus de tout le monde.
Quelle sera votre actualité dans les prochains mois ?
On va essayer de monter un showcase à Paris, mais en y allant cool… En fait, je me remarie complètement avec mes origines wallonnes ! (rires) Car avant je voulais tout, tout de suite.
Paris reste un passage obligé ?
Non, je pense qu’il y a moyen de faire carrière sans passer obligatoirement par Paris. Paris m’attire sans m’attirer en fait.
PE présentera son spectacle Optimiste le 19 octobre 2018 aux Chiroux (Liège) dans le cadre du VooRire Festival.