Autant le dire d’emblée, on le trouvait trop commercial sur ses précédents disques. Trop enclin à faire des chansons pour plaire à un large panel du public aimant la chanson française.
Et sur ce disque, malheureusement, Patrick Fiori ne montre pas vraiment qu’il est devenu un tout autre artiste. Il a notamment fait appel à sa femme Ariane Quatrefages, à Jean-Jacques Goldman ou encore Ycare pour lui écrire l’une ou l’autre chanson. C’est là la faiblesse des artistes qui ont cette fâcheuse manie de se faire écrire des chansons par des gens connus en espérant décrocher un tube. Car chacun de ces auteurs va évidement créer une chanson dans le style qui lui est propre, ce qui donne au résultat un patchwork musical. Alors que lorsqu’on demande à un auteur d’écrire un album entier (c’est par exemple souvent le cas de Johnny Hallyday, pour ne citer que lui), on a une cohérence entre les différent morceaux qui est beaucoup plus marquée et appréciable.
C’est assez regrettable car on sent qu’au fond, Patrick Fiori vaut plus que ça. En l’écoutant, on a plutôt l’impression d’ un artiste bien dans sa peau qui a simplement envie de partager ce bonheur avec ses fans. Et il aurait peut-être mieux valu prendre un peu plus de risques sur ce disque en assumant totalement l’écriture.
Ceci dit, ne boudons pas notre plaisir, Promesse reste tout de même un disque plutôt réussi (du moins un ensemble de singles réussis). Alors, décortiquons-le.
Sur Où je vis, qui ouvre le disque, Fiori débute d’emblée avec une touche de légèreté. Un accent du sud, un ukulélé et une mélodie simple et entrainante qui nous emmène avec lui. Ca sent bon les vacances et le soleil. Un bon moment en toute simplicité.
Vient ensuite La vie idéale, chanson magnifique parlant bien entendu d’idéal et dans laquelle on retrouve une composition nettement plus élaborée qui magnifie le texte.
On passe ensuite à Chez nous (Plan d’Aou, Air Bel), une chanson écrite par Jean-Jacques Goldman. Fiori nous propose ici un duo avec un autre artiste de la jeune génération qu’il a croisé aux Enfoirés : Soprano. Ensemble, ils chantent leur amour pour Marseille, cette ville qui les a rapproché.
La collaboration avec Goldman est aussi présente sur la chanson Les gens qu’on aime, une chanson sur les racines et la famille, un sujet essentiel dans la vie de Patrick Fiori.
Et c’est là qu’on se fait une réflexion : collaborer avec Goldman peut être une manière, parfois, de se tirer une balle dans le pied. Certes, ça sonne bien, c’est sympa. Le seul souci avec lui, c’est qu’au-delà de son nom, la créativité de Goldman s’est éteinte il y a quelques années déjà. On a donc des titres qui « sonnent » Goldman parce qu’il utilise sans cesse les mêmes constructions d’accords sous le couvert de sa marque de fabrique. Au final, le résultat n’est pas vraiment à la hauteur. On a l’impression d’avoir entendu ces chansons des dizaines de fois tant elles ressemblent à d’autres du même auteur.
Heureusement, tout l’album n’est pas écrit par ce recycleur de tubes du passé.
C’est d’autant plus regrettable que les textes en soi ne sont pas mauvais, pas plus que le duo entre Soprano et Patrick Fiori. Mais cette sensation de déjà-vu ou de trop prévisible gâche ces deux titres.
Passons ensuite à Ta belle histoire, une chanson sur son Arménie chérie, fruit de sa collaboration avec Ycare, qui rattrape heureusement la sauce.
On passe après au thème de la chanson éponyme, mélange de mystère et d’émotion.
Et voici la chanson qui touchera sans doute le plus ses fans sur ce disque : Promesse. Là aussi, Patrick fait référence à la famille et à l’honneur. Un titre simple et qui fédère davantage que les autres morceaux.
Plus solennel, Le meilleur de nous est une chanson qui creuse au plus profond de l’âme. Beaucoup de tendresse et de mélodicité dans ce titre un peu à part.
Etonnement, J’ai tout mon temps fait étrangement penser à du Alain Chamfort. Alors, est-ce une sensation positive ou pas? Là est la question. Disons qu’on a là un texte grave sur un tempo pop et dansant. Que penser de ce mélange? Trop artificiel, sans doute.
Mais quand même fait penser au genre de la « comédie musicale » avec son armée de choristes en fond et ses orchestrations assez plates. D’autant que Fiori se prend pour un ténor sur cette chanson alors qu’il avait gardé une certaine retenue et uniformité sur les titres précédents.
Le disque se ferme sur Mes belles figures. Et là, par contre, on a plutôt l’impression d’une copie-conforme de Florent Pagny.
Alors, finalement, que penser de Promesse? On a là un album qui se laisse écouter et qui plaira certainement aux fans de Patrick Fiori (et finalement, c’est le principal).
Le reproche principal qu’on pourrait faire c’est ce fameux fil rouge qui manque à ce disque. On a des compositions très hétéroclites qui finalement donnent un sentiment étrange. On est un peu perdu dans ce mélange de styles qui ne collent pas toujours. On a un peu l’impression d’une suite de singles que l’on va distiller à la radio au fil des prochains mois plutôt que d’un véritable album.
Mais étant donné que son précédent opus fut disque de platine, il n’y a nul doute sur le succès de celui-ci.
Note : 7/10