Titre : Pater Monster
Auteur : François Blistène
Editions : Cherche Midi
Date de parution : 11 juin 2020
Genre : Roman
Ici, la chronique du spécimen masculin parisien insupportable. Jugeant, voyeur en toutes circonstances et ayant un avis sur tout, le pater monster dont il est question dans ce livre pose la couleur dès les premières lignes de ses confessions égotiques. Il énumère ses conquêtes, mais il oublie de les identifier comme des individus sensibles. Il use et abuse de joutes descriptives familières, désinvoltes – agaçantes à l’excès, pourrait-on affirmer – il se plaît aussi à sélectionner sa psychanalyste en fonction de son profil capillaire, évoluant en permanence dans son microcosme aux référents – pater ? – exclusifs.
C’est donc l’histoire d’un homme qui ne veut pas s’encombrer d’une femme, encore moins de son gosse. Qui a fait le choix clair comme l’eau de sa roche de ne pas mêler plan cul et plan sur l’avenir. Qui se fout de la morale, qui se fout de tout point de vue qui diffère de sa ligne de pensée. En résumé, un discours centré sur la fuite éternelle, la soif de ne pas mûrir – syndrome de Peter Pan, mon amour – une confession à l’implantation indélicate et anachronique qui aurait peut-être plus eu le mérite de bien divertir si elle avait été rédigée au tournant des années 2000.
A-t-on informé le monstre géniteur des fluctuations sociétales ? Qu’il existe autour du nombril de notre époque aussi une matrice, paternelle. Bémol, toutefois, au sein de l’assassinat féministe : la secousse qui fait retourner sa veste au coeur du pater. Enfin un peu de pathos. Un rythme d’écriture plus nuancé, alors. Ce qui – enfin ! – lui permet de ranimer ses sentiments et le questionne. Au-delà de sa propre personne.
Et nous fait souhaiter que cette insolence irresponsable soit bien une composition pure de son auteur, au pire une phase transitoire vers un autre devenir de soi. Car il est un thème – comme la parentalité – polymorphe et complexe qui soulève bien des remises en cause, bien des révolutions.
A l’image de notre société. Encore “pater-monsteralisée” ?