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    Pastorius Grant : Détonation de couleurs dans l’Ouest

    Scénario et dessin : Marion Mousse
    Éditeur : Dargaud
    Sortie : 24 mai 2024
    Genre : Western

    Une chemise d’un jaune criard, des talonnettes et le jeans ceinturé par un holster ; Pastorius Grant est, pourtant, bien loin de tirer plus vite que son ombre. C’est une version négligée d’un Lucky Luke, la moustache broussailleuse et le teint souffreteux, que nous offre Marion Mousse. Un cowboy peu fringuant. Un chasseur de primes au bout du rouleau. Mais dernièrement, Pastorius a pêché du gros poisson. Big Hand. Alors il n’est pas disposé à laisser son état de santé s’interposer entre lui et le généreux cachet que son coupe-jarret lui rapportera. Ni son état de santé, ni quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. Pourtant, le hors-la-loi l’a prévenu, les Comanches ont envahi la zone. Pastorius ignore le danger. De toute façon, s’il n’avance pas, il risque de se faire rattraper par deux de ses confrères qui n’hésiteront pas à lui faire la peau pour récupérer le butin. Mais la plus grosse menace que doit gérer ce faux justicier loqueteux n’est peut-être pas la plus visible. Les erreurs de son passé pourraient bien le rattraper quand une fillette aveugle atterrit sur son chemin, quémandant de l’aide.

    Ce western peu bavard est avant tout métaphorique. Du moins c’est ce qu’on se dit pour justifier les incohérences. Certaines des décisions prises par les personnages nous échappent. Leurs objectifs sont changeants et donc leurs paroles deviennent contestables. On perd le fil d’un récit qui, au départ, se présentait comme celui d’une quête facile à suivre, linéaire. Et, malheureusement, on ne peut pas compter sur la fin pour nous éclairer. Elle survient de manière abrupte, comme si, sous la menace, celui qui se cache derrière le pseudonyme de Marion Mousse avait dû s’arrêter avant d’avoir pu aiguillonner son récit. Les indices manquent et les chemins narratifs empruntés sont trop nombreux pour rendre le dénouement vraiment cohérent. Un format plus long aurait sûrement permis de rajouter de la matière. Du corps. Ceci dit, on s’attache au duo atypique que forment le nabot non-voyant et l’irascible Pastorius. On suit leur parcours avec une certaine empathie, et de l’intérêt même, bien qu’il souffre parfois d’un manque de clarté.

    Et ce n’est pas le dessin, quoique très plaisant, qui apporte de la précision. Le trait est mouvant. Expressif, mais se refusant à une quelconque obligation de netteté. Des taches de couleurs vives tremblent. Le bleu du ciel transpire dans le jaune des plaines. Des forêts d’arbres roses fluorescents baignent dans la noirceur de la nuit. Des feux de joie brûlent les corps et les visages, ne laissant que la trace des ombres sur le sol. Une explosion de pigments imprime nos rétines. L’univers graphique est au-dessus de ce qui se fait de manière générale en bande dessinée, tant pour son originalité que pour sa cohérence et ses qualités atmosphériques. Visuellement, Pastorius Grant est mémorable.

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