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    Paris pieds nus, chassé-croisé burlesque

    Paris pieds nus

    de Dominique Abel et Fiona Gordon

    Comédie

    Avec Fiona Gordon, Dominique Abel, Emmanuelle Riva, Pierre Richard, Philippe Martz

    Sorti le 15 mars 2017

    En trois longs métrages, Dominique Abel et Fiona Gordon ont développé un cinéma personnel et un style propre qui perpétuent la tradition d’un burlesque à tendance poétique, dans le sillon de Jacques Tati ou de Pierre Etaix, et qui apparaît comme à part dans le paysage du cinéma belge contemporain, plutôt accaparé par le naturalisme.

    Pour leur quatrième long, Abel et Gordon reprennent leurs personnages typés de figures burlesques intemporelles et les catapultent en plein Paris pour donner un maximum de situation comiques et de gags contextuels. Fiona débarque du fin fond du Canada pour venir en aide à sa vieille tante Martha, mais se retrouve prise dans une succession de quiproquos lorsqu’elle perd son sac de voyage après être tombée dans la Seine. Tandis que Martha a disparu et que Fiona cherche ses marques dans Paris, un SDF du nom de Dom vient se mêler au chassé-croisé qui se joue entre ces trois personnages.

    Si l’on est toujours enclin à se laisser porter par les propositions visuelles et comiques faites par le duo belgo-canadien, notamment dans les scènes de danse et de gags corporels, il faut avouer que cet opus est un cran en-dessous des autres, principalement car il laisse apparaître les ficelles du système qu’Abel et Gordon ont mis en place depuis L’Iceberg en 2005, et que la fantaisie poétique matinée d’éloge de la marginalité fait nettement moins mouche ici que dans le précédent (La Fée).

    Fiona Gordon et Dominique Abel ont apparemment tenté d’ouvrir leur cinéma en transformant leur duo coutumier en une sorte de trio imparfait, où chacun a droit à son numéro de soliste. Mais l’incursion d’Emmanuelle Riva dans leur numéro bien rôdé ne se fait pas toujours de manière évidente et la greffe ne prend pas comme elle devrait prendre. Le film fonctionnera peut-être mieux sur le marché français que les précédents – tout est fait pour : Paris et l’arrivée de Riva et de Pierre Richard, dont les noms sont honteusement hissés en haut de l’affiche, en dépit du rôle secondaire de l’une et de la scène et demi du second –, mais quelque chose s’est perdu en chemin, une forme d’innocence et de naïveté désormais feinte et routinière.

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